Sur plusieurs fronts, l'Administration Bush est mise à mal dans ses choix politiques et militaires en Irak notamment sur le plan interne où les démocrates s'enhardissent dans leur opposition de plus en plus déterminée à la poursuite de cette guerre. L'information aurait dû faire la Une de la presse américaine si celle-ci n'était pas occupée à absorber le choc du massacre de Virginia Tech. Elle est donc passée presque inaperçue. Il s'agit de la décision américaine, traduite dans les faits, d'ériger des murs à l'intérieur de Bagdad, séparant les quartiers sunnites des conglomérats chiites. Un véritable tournant dans cette occupation américaine de plus en plus contestée de l'Irak. Le recours aux murs pour stabiliser, sécuriser, séparer fait référence à de tristes exemples. D'abord au mur de Berlin, fruit de la guerre froide, ensuite au non moins célèbre mur d'Ariel Sharon pour isoler les Palestiniens des Israéliens. Dès l'apparition des premiers blocs qui allaient isoler le quartier d'Adhamiyah, une enclave sunnite dans l'est Chiite de la capitale irakienne, des cris d'Irakiens, certes encore inaudibles, se sont mis à dénoncer «le mur de la ségrégation» qui consacrait les séparations confessionnelles et les luttes ethniques. Réponse de l'armée américaine: «ce mur est une des pièces maîtresses de la nouvelle stratégie des forces de la coalition et des forces irakiennes pour briser le cycle de la violence intercommunautaire». La stratégie des murs semble faire partie des nouveaux choix militaires américains pour sécuriser la ville de Bagdad décidée récemment par l'Administration Bush après avoir opté pour une augmentation des troupes US. Cette décision prise à contre-courant des recommandations de la commission bipartite Baker-Hamilton, ne convainc personne et continue de faire polémique au sein de l'élite politique américaine dont l'un des plus influents représentants, Harry Reid, chef de la majorité démocrate au Sénat américain n'hésite pas à faire ce terrible constat en dégoupillant une véritable grenade politique devant G. W Bush : «Je pense (...) que cette guerre est perdue et que l'augmentation d'effectifs ne produit aucun résultat, comme l'atteste l'extrême violence qu'on a observée (récemment) en Irak» la réponse de Georges W Bush était aussi prévisible, selon la stratégie de l'optimiste forcené, quoi qu'il arrive de pire, il y a toujours une bonne nouvelle au bout du tunnel : «le cours du combat commence à changer (…) L'opération remplit les attentes». Un discours qui, de l'aveu même des éditorialistes de la presse américaine les plus partisans de la guerre contre l'Irak, commence à lasser par sa répétitivité mécanique et son manque de réalisme. Sur plusieurs fronts l'Administration Bush est mise à mal dans ses choix politiques et militaires en Irak. D'abord sur un plan interne : les démocrates, dopés par leur récente prise du Congrès sous la houlette de l'intraitable Nancy Pelosi, s'enhardissent dans leur opposition de plus en plus déterminée à la poursuite de cette guerre et exigent de la Maison-Blanche un calendrier de retrait explicite. Ce à quoi s'oppose farouchement le premier cercle de Bush en accusant les démocrates de vouloir leur imposer des «dates de reddition». Le second front qui révèle les difficultés et les faiblesses de l'Administration Bush concerne l'organisation de la rencontre internationale de Charm el-Cheikh prévue les 3 et 4 mai prochain, censée être le fruit de la Conférence internationale sur la sécurité en Irak organisée le 10 mars dernier à Bagdad. Les réticences iraniennes, souvent exprimées sous forme de chantage, (libérations des otages iraniens détenus par les Américains en Irak contre éventuelle participation), l'absence de plate forme politique commune réunissant les pays voisins de l'Irak laisse pointer très peu d'espoir d'une réunion que les Américains s'échinent à organiser davantage comme un coup médiatique destiné à la consommation domestique que comme un véritable lieu qui doit accoucher d'un processus de stabilisation régionale. Le troisième front et non des moindres est celui de la chute de crédibilité morale au sein de l'opinion internationale d'un des artisans majeurs de cette guerre contre l'Irak, l'actuelle président de la banque mondiale Paul. D. Wolfowitz, ancien numéro deux du Pentagone, pris la main dans le sac dans un scandale de corruption et de passe-droit. Paul Wolfowitz rajoute son discrédit à celui déjà consommé de Lewis « Scooter » Libby, ex-secrétaire général du vice président Dick Cheney et qui a été impliqué et condamné pour parjure, obstruction à la justice lors de l'enquête d'un Grand Jury et faux témoignage lors d'une enquête fédérale dans l'affaire des fuites concernant l'agent de la CIA Valérie Plame.