Un père de famille à Khouribga décède suite à des séances d'exorcisme. Deux hommes barbus, prétendant le guérir de sa maladie, ont été arrêtés et seront déférés devant le tribunal. Samedi 10 mars 2007. Une ambulance s'arrête devant l'entrée de l'hôpital provincial de Khouribga. Elle transportait un patient dans un état comateux. Au moment où l'employé de l'accueil notait les informations concernant le patient, les éléments de la protection civile s'apprêtaient à le descendre de l'ambulance pour le conduire au service des Urgences pour le secourir. Cependant, l'homme a rendu l'âme. Sa femme qui était en sa compagnie s'est fondue en larmes. À peine, elle a réussi à prononcer son prénom, Omar, et son âge, trente-sept ans, aux ambulanciers. Un coup dur pour la jeune femme et ses deux enfants. Il est 21 heures. Le médecin-chef alerte les éléments du cinquième arrondissement de police qui assuraient la permanence. Ces derniers se sont dépêchés aussitôt sur les lieux. A première vue, ils ont remarqué des traces de violence sur le cadavre du défunt. S'agit-il d'un crime ? Si c'est non, d'où sont venues les traces de violences sur le corps d'Omar ? Qui l'a violenté et pourquoi ? Les policiers se sont adressés directement à l'épouse qui n'arrivait pas à retenir ses larmes. Ils lui ont demandé ce qui est arrivé à son mari. Tout en sanglotant, l'épouse racontait toute l'histoire. C'était comme des images d'un film qui défilaient devant ses yeux. Il y a plus de deux mois, la santé d'Omar commençait à se dégrader au point qu'il ne pouvait plus sortir de chez lui pour se rendre à son travail. Il perdait souvent connaissance. Quand il est allé à l'hôpital provincial de la ville, le médecin qui l'a examiné lui, a affirmé qu'il est en bonne santé. Alors pourquoi s'évanouit-il ? Pour se rassurer, il a pensé consulter un médecin spécialiste privé. Toutefois, il n'en a pas les moyens. Sa femme ne sait plus à quel saint se vouer. Elle souffrait en regardant son état de santé se dégrader de jour en jour. Ne sachant pas trop quoi faire, elle décide de suivre le conseil d'une proche et de s'adresser à Othmane et Rachid. Qui sont-ils? Othmane et Rachid sont deux jeunes barbus khouribguis, la trentaine, célibataires qui gagnent leur vie en vendant des livres religieux devant la porte de la mosquée Al Fath. Ces jeunes hommes prétendaient également être des exorcistes. Ils disent faire cette "bonne action" gratuitement pour être récompensés au paradis. C'est pourquoi ils n'hésitaient jamais à répondre favorablement aux demandes des personnes qui croient être possédées par les djinns. La femme d'Omar a sollicité leur aide. Ils l'ont suivie jusqu'à chez elle. Après avoir lu quelques versets du Coran sur Omar, ils lui ont dit que son mari est possédé par les djinns et qu'il doit être exorcisé. Comment faire ? Ils lui ont demandé de fermer toutes les fenêtres de la maison. Ils ont également fermé la porte de la chambre d'Omar. La maison devient plus au moins obscure. Ils lui ont ôté ses vêtements pour ne laisser que son slip. Après quoi, l'un d'eux lit des versets du Coran, jusqu'à l'évanouissement d'Omar. Quant à l'autre, il le fouette avec un bâton jusqu'à ce qu'il se réveille. Ils ont répété l'opération plusieurs fois. Idem pour la nuit du drame. Samedi 10 mars, Othmane et Rachid ont entamé leur séance d'exorcisme quelques minutes après l'évanouissement d'Omar. Ils ont tenté de le réveiller. Mais en vain. A ce moment, son épouse a alerté la protection civile. Évacué vers les Urgences de l'hôpital provincial de la ville, il a rendu l'âme à l'entrée. Les deux hommes ont été arrêtés et traduits devant la police. Accusés de meurtre, ils risquent gros.