Plusieurs ONG et syndicats marocains ont protesté contre l'exécution de Saddam Hussein qu'ils ont qualifiée de «crime de guerre», de «crime contre l'humanité» et d'«assassinat politique». A Casablanca, la Confédération démocratique du travail (CDT) a organisé, dimanche, une manifestation pour condamner l'exécution de l'ancien président irakien qualifié de «martyr du panarabisme». Au cours de cette marche de protestation qui a connu la participation de quelques partis de gauche ainsi que des acteurs de la société civile, le bureau exécutif de la CDT a qualifié l'exécution de Saddam Hussein de «crime de guerre», de «crime contre l'humanité» estimant que le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki, n'est autre qu'«une marionnette» des Etats-Unis et du président Bush. Dans une déclaration lue par un syndicaliste, le bureau exécutif de la CDT a appelé les «peuples du Maghreb et du monde musulman à s'unir pour faire face à l'hégémonie» des Etats-Unis qui «ont dessiné pour eux un nouvel ordre mondial qui est la soumission des peuples aux Américains et l'exploitation de leurs richesses». Des ONG marocaines avaient organisé, vendredi dernier, un sit-in devant l'ambassade des Etats-Unis à Rabat pour protester contre la pendaison de Saddam Hussein intervenue à l'aube du jour de l'Aïd Al-Adha, la qualifiant d'«offense délibérée aux sentiments aussi bien des Musulmans que des Chrétiens». Les manifestants parmi lesquels figuraient des universitaires, des avocats et des artistes ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis et appelé au boycottage des activités politiques et culturelles qu'organise l'ambassade américaine. Les protestataires qui ont réclamé «des poursuites judiciaires contre les Etats-Unis et (le président) Bush», ont réaffirmé leur solidarité avec la résistance irakienne et réclamé la non application de la peine de mort contre Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein, et Awad Al-Bandar, ancien chef des services de renseignement et ex-président du tribunal révolutionnaire irakien. Ils ont également estimé que le procès de l'ancien président irakien «n'était pas équitable» et imputé toute la responsabilité aux Etats-Unis, en tant qu'autorité d'occupation, de la dégradation de la situation en Irak et de la recrudescence de la tension confessionnelle dans ce pays arabe. Dans une allocution lue par le secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), Younès Moujahid, les manifestants qui brandissaient des drapeaux irakiens et des portraits de Saddam Hussein, ont exprimé leur soutien total au peuple irakien, exhortant tous les citoyens de ce pays à ne pas tomber dans le piège de la guerre civile, des conflits ethniques et confessionnels et à concentrer tous leurs efforts sur la libération et l'édification d'un Irak uni et démocratique. Mardi dernier, la Chambre des conseillers avait observé une minute de silence en hommage à l'ancien président irakien alors que le 30 décembre dernier, jour même de la pendaison de Saddam Hussein, plusieurs dizaines de personnes étaient sorties à Rabat, à l'appel de plusieurs ONG, pour condamner et dénoncer cette exécution. Dans sa réaction, rappelle-t-on, le gouvernement marocain a appelé les Irakiens à la «réconciliation entre les différentes composantes de la nation irakienne» afin que l'Irak puisse «retrouver sa place légitime dans le monde arabo-musulman». Le président Saddam Hussein avait été condamné à mort par pendaison pour sa responsabilité dans l'exécution de 148 habitants chiites du village de Doujail dans les années 1980, en représailles à un attentat contre son convoi.