Face à la fermeture préoccupante des salles de cinéma, le Royaume ne compte pas baisser les bras. Après les Mégarama de Casablanca et Marrakech, ce sera au tour de Rabat, Kénitra, Tanger et Agadir de se doter d'autres multiplexes. Pour 30 millions d'habitants, il y a à peine une centaine de salles, souvent en mauvais état, parfois sans matériel adéquat de projection. Quant à cela, il faut ajouter le fait que les salles ferment les unes après les autres, on a vraiment de la peine à imaginer comment le cinéma national pourrait se développer. Mais voilà, le Royaume compte non seulement pallier le manque à gagner, mais il veut aussi se donner le moyen de s'équiper en multisalles climatisées, avec écrans géants, son numérique… Après Casablanca et Marrakech, dotées de deux prestigieux Mégarama, ce sera au tour des villes de Rabat, Kénitra, Tanger et Agadir d'avoir chacune son multiplexe en 2007. C'est ce que nous venons d'apprendre auprès du Centre cinématographique marocain (CCM). «Nous avons développé des procédures avec le ministère des Finances pour créer les conditions favorables à la construction de ces multiplexes, notamment l'octroi de facilités fiscales visant à encourager les investisseurs », nous a dit Noureddine Saïl, directeur général du CCM. «Le seul avenir que je vois, c'est les salles multiplexes confortables. L'effort qui est fait pour la production implique aussi un effort pour la distribution, l'un ne va pas sans l'autre», précise le responsable du CCM, ajoutant que les efforts déployés pour optimiser la production seront accompagnés par d'autres efforts pour créer un marché du cinéma. Mais il y a d'autres enjeux aussi importants que le souci de commercialisation du produit cinématographique. Pour le responsable du CCM, «il s'agit de redonner aux gens l'envie d'être ensemble et restituer au cinéma son rôle essentiel de lien social !». Ramener le public vers les salles obscures, voilà un grand défi que s'est donné le CCM pour 2007. Seulement voilà, la construction des multisalles confortables (multiplexes) est-elle suffisante pour réaliser un tel objectif ? Conscient de la nécessité de former le public de demain, le CCM entend développer une politique de partenariat avec le ministère de l'Education nationale. Objectif : organiser des sorties de classes dans les salles de cinéma, des projections au sein de l'école… En ciblant l'école, le CCM entend renouveler le public et réhabiliter le cinéma en tant qu'espace social. Récapitulons : construction de multiplexes, formation du public de demain… Ce sont là deux défis que le CCM entend relever en 2007. Pour le reste, il sera question de capitaliser sur les acquis : développer la cartographie cinématographique du Maroc sur le plan national (Festival national du film), africain (Festival de Khouribga), régional (Festival du film maghrébin d'Oujda), méditerranéen (Festival de Tétouan), international (Festival de Marrakech)… Au-delà de cette dimension festive, le Maroc envisage de renforcer la formation des cinéastes en herbe en prenant en charge la production des premiers courts-métrages des jeunes réalisateurs, l'organisation d'ateliers de formation à l'écriture de scénarii (ateliers Tribeka)… De plus, notre pays compte confirmer sa vocation de terre des tournages à travers une politique fiscale encourageante. Vaste chantier…