Le titre Lesieur Cristal s'est apprécié de 19% depuis le 12 octobre dernier. Du coup, BMCE Capital change sa recommandation d'«Achat à Conserver». Analyse. En baisse de janvier à septembre 2006, le titre Lesieur Cristal a retrouvé du punch. La valeur s'est appréciée de plus de 19% depuis le 12 octobre dernier, entraînant les analystes à reconsidérer leurs projections. Du coup, BMCE Capital change de recommandation d'«Achat à Conserver». Leader du marché, Lesieur connaît un nouvel environnement depuis la libéralisation des huiles de table, intervenue en 2002. L'arrivée du Groupe Savola, intervenue en 2004, a exacerbé les tensions dans un secteur «pris en tenailles» entre le coût des matières premières et le prix de vente sur le marché. Dans ce contexte, note l'analyse de BMCE Capital, «le leader historique du secteur, Lesieur Cristal semble privilégier la sauvegarde de ses parts de marché aux dépens de sa rentabilité». Toutefois, fort de son adossement au Groupe ONA, de sa présence régionale et de sa structure financière saine, Lesieur Cristal dispose d'une capacité de résistance réelle pour recouvrir sa rentabilité à moyen terme. Cette recommandation prend en compte plusieurs paramètres. En particulier, poursuit l'analyse, «le fait que le leader national fait de sa politique d'innovation un moteur de différenciation et de création de valeur avec en priorité le développement à l'international et la recherche de nouveaux centres de profits sur le plan national». Autres arguments plaidant pour la conservation de la valeur dans le portefeuille, Lesieur Cristal s'est investi récemment dans la modernisation de son outil de production, ce qui lui permet d'améliorer sa productivité et de rationaliser ses charges opérationnelles. De même, le groupe s'oriente vers la trituration du colza afin de pénétrer le marché européen du biodiesel qui offre de réelles perspectives de croissance. Les liens capitalistiques avec le Groupe ONA donnent à Lesieur l'avantage de bénéficier de certaines synergies, notamment en matière d'opération de croissance externe et de distribution. La dégradation des marges opérationnelles et financières, note l'analyse, n'entrave pas la solidité financière de Lesieur Cristal comme en attestent l'importance de ses fonds propres et sa pleine capacité d'endettement. De même, prévoit BMCE Capital, le recouvrement des marges pourrait se produire dès que Savola Morocco atteindra sa taille critique. Compte tenu de tous ces paramètres, l'évaluation de Lesieur Cristal aboutit à un cours théorique de 747 dirhams en ligne de mire du cours de 750 dirhams enregistré au début novembre. Huile de table : un secteur juteux A l'instar des autres filières du secteur agroalimentaire, l'industrie de transformation d'huile se taille une position de choix dans l'économie marocaine, drainant un chiffre d'affaires de 6 milliards de dirhams, pour une croissance moyenne de 4,2% par an. Sur le plan industriel, le Maroc compte 2 unités de trituration dotées d'une capacité de production globale de 700 000 tonnes : Lesieur Cristal à travers son unité de Casablanca (350 000 tonnes), et Les Huileries du Souss Belhassan via son usine sise à Aïn Taoujtate, province d'El Hajeb (350 000 tonnes). Ces deux intervenants ont produit au terme de la campagne 2004-2005 quelque 140 000 tonnes d'huile de graines. Pour ainsi combler ses besoins en huiles végétales, estimés annuellement à plus de 450 000 tonnes, le Maroc importe de l'huile végétale brute, essentiellement en provenance d'Argentine. Sur la période 1992-2004, les approvisionnements à l'étranger d'huiles végétales brutes se sont appréciés à un taux de croissance annuel moyen de 4,8% pour atteindre 364 067 tonnes à fin 2004.