En rejetant les accords signés avec Israël, le Hamas a mis en échec le projet de formation du gouvernement d'union nationale. Le mouvement islamiste radical est aujourd'hui plus que jamais isolé. Toujours pas d'embellie sous le ciel brumeux de la Palestine. Excédé par le refus du mouvement islamiste Hamas de reconnaître les accords signés avec Israël -condition préalable au déblocage de l'aide internationale- le président Mahmoud Abbas a gelé les négociations avec ce mouvement pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. La décision du président de l'Autorité palestinienne, annoncée hier par son porte-parole Nabil Amro, est intervenue suite aux déclarations d'Ismaël Haniyeh qui a balayé d'un revers de la main les engagements pris et les accords signés avec Israël. «Tout gouvernement d'union nationale, dont Hamas devrait prendre la tête, ne reconnaîtrait pas nécessairement les accords conclus par le passé avec Israël», a déclaré samedi dernier le chef de l'actuel cabinet palestinien. Une sorte d'abjuration lourde de conséquences, non seulement pour le projet de gouvernement d'union nationale qui vole en éclats, mais aussi et surtout pour un peuple palestinien qui, depuis l'arrivée au pouvoir en janvier 2005 du mouvement Hamas, est confronté à une crise financière sans précédent. A cause de l'attitude du gouvernement Hamas, qui continue de s'opposer aux trois exigences du Quartette (UE, Etats-Unis, Russie, ONU) : reconnaissance d'Israël, renonciation à la lutte armée et acceptation des accords conclus par le passé entre les Palestiniens et l'Etat hébreu, plusieurs pays donateurs se sont abstenus de fournir leurs aides financières à l'Autorité de Mahmoud Abbas. L'Union européenne, qui octroyait à l'Autorité palestinienne près de 500 millions d'euros, autant que les Etats-Unis (300 millions d'euros), pour ne citer que ces contributeurs, posent pour condition au déblocage des aides un changement dans l'attitude qu'adopte Hamas face à l'Etat hébreu. Mais voilà, le gouvernement présidé par Ismaël Haniyeh continue d'ignorer les exigences des pays occidentaux et les appels du président Mahmoud Abbas de plus en plus soucieux de trouver une issue à la situation invivable qui prévaut dans les territoires occupés. Quelque 160.000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne n'ont pas été payés depuis mars dernier. De plus, non seulement le taux de chômage a franchi le seuil de 70%, mais l'inemploi a porté plusieurs jeunes chômeurs désespérés à saccager le siège du Conseil législatif palestinien (CLP). Face à la poursuite des représailles infligées quotidiennement par l'armée israélienne à des civils sans défense, on a de la peine à comprendre qu'un gouvernement fasse de «la fuite en avant» un mode de gouvernance. Isolé sur le plan international, l'exécutif palestinien se trouve encore plus isolé à l'échelle interne. L'échec du projet de formation d'un gouvernement d'union nationale fait déjà planer le risque d'implosion, pour ne pas dire de guerre civile, au sein même des territoires palestiniens. L'espoir placé sur ce gouvernement d'union s'est envolé au gré des calculs byzantins d'un mouvement qui, paraît-il, s'est juré de ne pas bouger de sa ligne de conduite, hypothéquant les chances de survie de son peuple et écartant la probabilité d'un retour des Israéliens à la table de négociations, ce qui permettrait, peut-être, de tourner la page d'un conflit qui n'a que trop duré.