Le procureur général du Haut tribunal pénal irakien a requis lundi la peine de mort contre Saddam Hussein, son demi-frère Barzan al-Tikriti et l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan pour le massacre de chiites. Le procès de Saddam Hussein entre dans sa dernière ligne droite. L'accusation a commencé à présenter son réquisitoire lundi 19 juin, alors que les avocats de la défense présenteront leurs plaidoiries à partir du 10 juillet. Les procureurs ont requis la peine de mort à l'encontre de Saddam Hussein, jugé pour le massacre de 148 chiites en 1982 à Doujaïl. La même peine a été demandée contre deux co-accusés de l'ancien président irakien, son demi-frère Barzane Al-Tikriti et l'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan. Les accusés plaident non coupables. Les avocats des parties civiles avaient réclamé les condamnations les plus sévères contre Saddam Hussein et de ses sept co-accusés qui comparaissent depuis octobre dernier devant le Haut tribunal pénal irakien. « Nous demandons à la cour d'infliger les châtiments les plus sévères et nous réclamons également un dédommagement financier et moral pour nos clients en réparation des dommages qu'ils ont subis » , a déclaré un avocat représentant les familles de victimes du village de Doujaïl. Le premier procès ouvert contre Saddam Hussein porte sur le massacre de 148 hommes de ce village chiite du nord du Bagdad où l'ex-président irakien a échappé en 1982 à une tentative d'attentat. L'avocat a affirmé que Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et ancien chef du renseignement irakien, qui comparaît également devant le tribunal, a personnellement torturé des prisonniers et banni des familles entières dans des mouroirs en plein désert. L'identité des avocats est maintenue secrète, à leur demande, pour des raisons de sécurité. Au cours de 34 audiences, le procureur général Jaafar al-Moussaoui a produit des témoins décrivant la répression qui s'était abattue sur Doujail après l'attentat manqué et la défense a tenté de mettre en doute ces témoignages. Après la session de lundi, le procès sera ajourné jusqu'au 10 juillet, date à laquelle les avocats de la défense présenteront leurs plaidoiries. Les cinq juges devraient ensuite se retirer pour parvenir à leur verdict. Saddam Hussein, vêtu d'un complet noir, est resté silencieux, assis, prenant parfois des notes, alors que le procureur présentait son réquisitoire contre chacun des huit co-accusés. Un procès éclipsé par la violence En amenant l'ancien dictateur, Saddam Hussein, devant la barre, les Américains voulaient en faire un exemple. Un exemple à ne pas suivre. Ironiquement, ce procès, dont les séances sont diffusées en direct sur la chaîne de télévision irakienne, se transformera rapidement en un show médiocre. Depuis le début du procès, le président déchu multiplia les provocations en remettant en cause la légitimité du tribunal. Au fil des mois, l'intérêt que les gens portaient au procès se dissipa petit à petit. Pis encore, la violence en constante ascension en Irak éclipsa le procès. Sur les colonnes de la presse internationale, on ne parle plus du nombre de morts en Irak, qui frôle parfois les dizaines par jour, que du jugement de Saddam. À se demander aujourd'hui à quoi servirait sa condamnation à mort ? Va-t-elle rétablir l'ordre dans un pays en pleine guerre civile ?…