En 1932, « Voyage au bout de la nuit » de Céline n'a pas eu le prix Goncourt. À sa place, «Les loups » de Mazeline. C'est dire à quel point les choix peuvent être discutables. Chaque année, en France, les mois d'octobre et de novembre sont des mois d'effervescence et de fièvre pour les maisons d'édition. C'est la saison des prix. De plus en plus nombreux. Depuis la création du prix de l'Académie Goncourt en 1903, La France cumule environ 2000 distinctions littéraires aujourd'hui. Les plus célèbres et les plus affectionnées sont le Goncourt, le Renaudot, le Fémina, le Médicis. La rentrée littéraire 2001 a battu tous les records. 575 romans ont été publiés entre fin août et fin septembre, en un petit mois. La bousculade aux prix est lancée. Quand on sait qu'un Goncourt se vend à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, on compatit. Les prix sont également sujets à polémiques. On dit d'eux qu'ils «poussent les jurys au complot», qu'ils sont «truqués» ou encore que «le choix des lauréats se fait à partir de considérations amicales». Toujours est-il que le public ne tient pas compte de ce genre de médisances. Il achète en masse les livres primés. Et tout le monde est content. Les libraires font leurs meilleures ventes. Les lauréats gagnent de l'argent. Les éditeurs pavanent. Le président des éditions de Minuit résume bien le sentiment de la profession «Si les prix ont pour vocation de faire acheter au grand public des livres plutôt que du chocolat, c'est excellent pour les libraires et les livres ».