Le réalisateur britannique Ken Loach a remporté la Palme d'Or à Cannes pour son film «Le vent se lève». Une consécration parmi d'autres qui rend hommage au cinéma engagé. La Palme d'Or du 59ème festival de Cannes est britannique. Cet événement cinématographique de renom s'est clôturé le dimanche 28 mai sur la croisette par la traditionnelle cérémonie de remise des prix. Cette année, c'est le réalisateur anglais Ken Loach qui a remporté la Palme d'Or, la plus prestigieuse consécration, pour son opus « Le vent se lève». Ce film raconte la lutte des républicains irlandais contre les troupes d'occupation anglaises, les féroces Black and Tans. La dernière partie du film traite quand à elle, de la guerre civile qui a ensuite opposé les Irlandais favorables au traité de 1921 donnant à l'Irlande du Sud une autonomie partielle sous domination britannique et ceux qui réclamaient une indépendance totale. Pour ce cinéaste britannique, la seule manière de dire la vérité sur le présent d'une nation, c'est de pouvoir revenir sur les traces de son passé. «Nous espérons que ce film constitue un pas, un tout petit pas dans le face à face des Britanniques avec leur passé impérialiste » a-t-il déclaré en recevant son prix des mains de l'actrice Emanuelle Béart. Face à sa consécration, Ken Loach n'a pas pu cacher son euphorie. «C'est la plus belle fête du cinéma», a-t-il confié devant un parterre de spectateurs. Cette joie était partagée par tous les réalisateurs et acteurs primés à cette édition. Après Ken Loach, c'est au tour du cinéaste français Bruno Dumont de monter sur scène pour recevoir le Grand Prix du Jury, la plus importante distinction après la Palme pour son film « Flandres ». Ce prix a été une surprise pour plusieurs observateurs. L'œuvre de ce cinéaste aux options radicales et ancien professeur de philosophie a été en effet considérée comme étant brute, sans musique et aux dialogues réduits au strict minimum. Mais Bruno Dumont sait se défendre en estimant que son travail n'est pas de faire «un joli objet». Fidèle à son habitude, le cinéaste a conservé son esprit fataliste en faisant l'apologie frontale des crimes, viols et exécutions sommaires. L'autre moment fort de la cérémonie est bel et bien le prix d'interprétation collectif décerné aux actrices du film « Volver » de Pedro Almodovar pour l'interprétation féminine ainsi que la Palme remise aux acteurs du film «Indigènes» de Rachid Bouchareb. C'est une première dans l'histoire du festival. Jamais les deux prix d'interprétation n'avaient été en même temps remis à titre collectif au festival de Cannes. Le prix d'interprétation féminine va ainsi aux actrices espagnoles Pénélope Cruz, Carmen Maura , Lola Duenas, Blanca Portillo, Yohana Cobo ainsi que Chus Lampreave. « Volver » a reçu également le prix du meilleur scénario. Le prix d'interprétation masculine va, collectivement, aux acteurs du film "Indigènes" du Français d'origine algérienne Rachid Bouchareb, Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan. Le film, longuement applaudi lors de sa projection jeudi 25 mai, rend hommage au rôle joué par les soldats de l'armée d'Afrique dans la libération de la France à la fin de la seconde guerre mondiale. Enfin, le prix de la mise en scène a été décerné au Mexicain Gonzales Inarittu pour «Babel» tourné à Ouarzazatte et la Caméra d'Or a été décernée au Roumain Corneliu Porumboiu pour «12h08 à l'Est de Bucarest». Sur ce palmarès, le célébrissime festival de Cannes a tiré sa révérence et donne d'ores et déjà rendez- vous l'année prochaine aux cinéphiles.