Si l'Iran pourrait négocier avec la troïka un moratoire en ce qui concerne l'enrichissement de l'uranium, il refuse de renoncer à ses recherches dans le domaine du nucléaire. C'est ce que vient d'affirmer Javad Vaeedi, un haut responsable iranien. Entre l'Iran et la troïka européenne, la partie de « ping-pong » promet d'être plus longue. C'est ce qui ressort de la récente sortie médiatique du secrétaire adjoint du Conseil suprême de sécurité nationale, Javad Vaeedi. Alors que le Conseil des gouverneurs de l'AIEA tenait hier une réunion sur le dossier nucléaire iranien, Javad Vaeedi a fait une déclaration mi-figue mi-raisin. Si Téhéran pourrait ajourner ses activités d'enrichissement d'uranium, elle ne renoncera pas à ses recherches dans le domaine nucléaire. S'agissant d'enrichissement d'uranium, -point le plus litigieux dans les négociations de Téhéran avec la troïka (France, Allemagne, Grande-Bretagne)-, l'Iran a proposé un moratoire d'un an. Un délai jugé « très insuffisant » par les négociateurs européens, qui espèrent arracher à leurs homologues iraniens un moratoire de «10 ans ». A l'évidence, entre la proposition de Téhéran, présentée comme un « compromis», et celle des négociateurs européens, il y a «tout un monde ». Ce qui présage d'une nouvelle partie de bras de fer entre les négociateurs. Maintenant, sur le deuxième point, Téhéran dit qu'il serait hors de question de suspendre ses recherches dans le domaine nucléaire. « L'Iran ne renoncera pas à ses recherches dans le domaine nucléaire », tranche, M. Vaeedi, cité par l'Agence de presse Reuters. Mieux encore, le haut responsable iranien aurait voulu mettre la puce à l'oreille des gouverneurs de l'AIEA, en affirmant, à quelques heures de la réunion cruciale lundi de leur Conseil à Vienne : « Les activités de recherche et de développement ont débuté et sont irréversibles ». Mais ce n'est pas de cette oreille que le directeur du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed El Baradei, l'a entendue. Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique a indiqué « vivement espérer » qu'un accord négocié entre Européens et Iraniens sera conclu « dans la semaine qui vient » autour du programme iranien de recherches sur l'enrichissement d'uranium. Un diplomate européen, impliqué dans les négociations avec ses homologues iraniens, a enchaîné avec une autre note optimiste, en disant que « l'Iran est d'humeur à faire un compromis ». Un optimisme destiné, bien entendu, à exhorter Téhéran à faire d'importantes concessions sur son dossier nucléaire. Ce qui n'est pas acquis d'avance. Avec l'enrichissement d'uranium, la reprise des recherches scientifiques dans le domaine du nucléaire constitue un grand facteur de « crainte » pour les pays occidentaux. En effet, ces pays craignent que l'Iran cherche à se doter de la bombe atomique sous couvert de programmes nucléaires civils. Face à cette crainte, traduite par des mises en garde qui se sont accrues depuis le 4 février, date à laquelle le Conseil des gouverneurs (AIEA) avait décidé d'informer le Conseil de sécurité de l'ONU du dossier iranien, Téhéran semble n'en avoir cure. Pas plus que de la proposition de Moscou, qui avait suggéré à l'Iran d'enrichir son uranium en territoire russe pour ménager une porte de sortie à une crise qui, paraît-il, a encore de «beaux jours » devant elle. Ni les discussions avec la Russie ni celles avec les Européens, et moins encore la pression des Etats-Unis qui ont brandi à maintes reprises la menace de recourir à des sanctions contre Téhéran, n'ont permis de faire plier les dirigeants iraniens.