Le champ médiatique national est en train de connaître une mise à niveau indéniable. Le ministre de la Communication, Nabil Benabdallah, fait un bilan d'étape et livre sa vision sur l'évolution de ce secteur au coeur de la transition démocratique. ALM : À votre avis, la mise à niveau du champ médiatique national est-elle sur la bonne voie ? Nabil Benabdallah : A mon sens, cette évolution est réellement sur la bonne voie. Je tiens à souligner ici que la concertation entre le gouvernement et les différentes instances et organisations médiatiques instaure un véritable esprit positif. Ce même partenariat conséquent a permis au champ médiatique et au secteur de la presse écrite en particulier à se développer. En effet, le contrat-programme qui a été longuement discuté et approuvé à l'unanimité va permettre à terme de développer notre presse nationale et d'aller vers la création d'entreprises de presse professionnelles et performantes. Pensez-vous que la réforme en cours est de nature à améliorer la qualité du rendement médiatique ? Nous estimons que si nous améliorons les conditions de l'entreprise, cela va automatiquement conduire à l'amélioration des conditions de ceux qui y travaillent. Si la situation financière des journalistes est meilleure, ils pourront effectuer leur travail dans un environnement plus adéquat et cela va se répercuter sur la qualité de leur rendement. En travaillant dans un cadre agréable et confortable, les journalistes apprendront ainsi à être plus exigeants avec eux-mêmes et accomplir leurs tâches de manière plus professionnelle. Le projet du nouveau code de la presse se penche ainsi vers l'instauration d'une certaine clause d'exigence et de responsabilité accrue. Si nous ajoutons à ce code un conseil national de la presse, on devrait assister dans les années à venir à l'émergence d'une presse de plus en plus libre et performante Le secteur de l'audiovisuel, selon vous, a-t-il pris le bon tournant ? Concernant l'audiovisuel, nous avons mis en place une politique volontariste, justement renforcée par une volonté politique royale. C'est cette même volonté qui a permis de booster le champ médiatique nationale et d'adopter de nouvelles mesures pour l'évolution de l'audiovisuel national. C'est le véritable moteur de toute cette transformation qu'est en train de connaître le champs médiatique marocain dans toutes ses composantes. Je ne suis qu'un exécutant. Avec cette libéralisation instaurée et qui est en train de se concrétiser, nous avons rempli toutes les exigences. Preuve en est la création de la haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), et la création d'une loi qui encadre chacune de nos deux chaînes nationales. J'entends par là entre autre la signature du cahier des charges de 2M et de la RTM devenue aujourd'hui la Société nationale de la radio-télévision. Cette structure impose aujourd'hui de nouvelles conditions matérielles pour ceux qui travaillent à la SNRT. Cette société a permis le passage de la RTM d'un statut d'administration à celui d'une véritable entreprise. Aujourd'hui, il appartient à la SNRT de se mettre à niveau et de rehausser la qualité de ses ressources humaines. La deuxième chaîne nationale (2M) a, quant à elle, pour l'instant le statut d'une télévision autonome avec des missions de service public. L'existence d'un pôle audiovisuel puissant ne risque-t-elle pas d'être un frein à la libéralisation du secteur ? Même les pays développés, je citerais ici la France, l'Espagne et l'Italie possèdent plusieurs chaînes publiques dans le cadre d'un pôle public puissant. Pourquoi voulez vous qu'il en soit autrement pour le cas du Maroc ? En Espagne, il y a trois chaînes publiques. En France, on peut en dénombrer près de cinq. Je pense personnellement que c'est une bonne chose pour la diversité. Pour l'instant, nous ne pouvons installer qu' un seul pôle public doté de deux télévisions. Il faut d'abord réussir le passage de la RTM à la SNRT pour que cette dernière puisse remplir ses obligations et devenir concurrentielle. Il faut en effet se donner les moyens d'une politique renforcée et consolidée. Nous voulons aller plus loin encore dans la création d'un pôle de référence. Par ailleurs, qu'est ce que vous attendez de l'augmentation de l'enveloppe financière consacrée au soutien au cinéma marocain ? Ce que nous cherchons et ce que nous voulons c'est que les cinéastes deviennent plus exigeants et que le cinéma devienne une véritable industrie. Il y a déjà une progression notable qui est visible. Notre cinéma représente dignement notre pays à l'échelle internationale. Il faudrait néanmoins gérer quelques problèmes en amont comme celui de la fermeture régulière des salles obscures. Alors voyez-vous, nous sommes sur tous les fronts pour faire en sorte que le rendement médiatique et créatif de notre pays soit à la hauteur de nos ambitions. Dans ce domaine comme dans d'autres, nous sommes décidés à réussir.