Le président sortant Omar Bongo, doyen des Chefs d'Etat africains, a remporté, comme prévu, haut la main un nouveau mandat de sept ans lors de l'élection de dimanche au Gabon. L'opposition dénonce des fraudes massives. D'après l'écrivain ang-lais James Freeman Clarke, la différence entre le politicien et l'homme d'Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération. Omar Bongo Ondimba, président du Gabon et ce depuis 1967, fait partie de cette seconde catégorie. Ali Bongo, le "quadra", fils d'un premier lit du président, est souvent présenté comme un possible successeur du Chef de l'Etat. Avant même le lancement de la campagne présidentielle, Omar Bongo été sûr voire même certain d'être réélu pour un nouveau septennat. D'ailleurs, sa réélection n'a guère surpris personne, ni la presse, ni l'opposition qui a accusé le camp présidentiel de fraudes massives. Comme prévu, le président sortant, a raflé la mise lors de la présidentielle tenue, dimanche dernier, avec 79,21% des suffrages, selon les résultats officiels annoncés mardi soir par le ministre de l'Intérieur. «Est donc élu Bongo Ondimba Omar,» a déclaré le ministre de l'Intérieur, Clotaire-Christian Ivala, après avoir énuméré ces résultats qui doivent désormais être validés par la Cour constitutionnelle. Le taux de participation au cours de ce scrutin à un tour s'établit à 63,29% des inscrits. L'opposant "radical" Pierre Mamboundou arrive en deuxième position avec à peine 13,57% des suffrages, suivi par l'ex-baron du régime passé à l'opposition Zacharie Myboto, crédité de 6,58% des voix. Deux autres candidats, Augustin Moussavou King et Christian Serge Maroga, présidents de deux petites formations sans audience réelle, n'ont recueilli respectivement que 0,33 et 0,30% des voix. Bongo Ondimba, doyen des Chefs d'Etat africains, a remporté la totalité des neuf provinces gabonaises avec des scores allant de 62,57% dans la Nyanga (extrême sud-ouest) à 95,09% dans le Woleu Ntem (nord). Il enregistre 92,38% des voix dans sa province natale du Haut-Ogooué (sud-est) contre 7,95% à Myboto autre fils de la province. La victoire de Bongo Ondimba et son ampleur faisaient peu de doutes, eu égard aux résultats partiels communiqués depuis dimanche soir par les télévisions gabonaises. Ces chiffres attendus avec fièvre pendant 48 heures ont été contestés par les opposants avant même leur publication. Mardi, en fin d'après midi, Pierre Mamboundou, s‘était déclaré vainqueur, selon son propre décompte avec 52,5% des voix. Zacharie Myboto, lui, avait dénoncé les résultats officieux "fabriqués" donnant Omar Bongo Ondimba en tête et le "grand nombre d'irrégularités (...) constaté avant, pendant et après le scrutin" et avait assuré avoir obtenu "plus de 40% des voix". L'élection présidentielle au Gabon a intéressé de très près la presse burkinabaise. Ainsi, “Le Pays” affirme qu'il « n'y a pas que les «vieux dinosaures» entrés en politique dans les années 60 qui torpillent l'Afrique. Il y a aussi une nouvelle race de Chefs d'Etat voraces, fermement soutenus par des puissances occidentales dont ils défendent farouchement les intérêts au détriment de ceux de leur propre peuple, et qui s'installent de plus en plus, aptes, eux aussi, à inventer toutes sortes de stratégies pour se pérenniser au pouvoir ». “Le Pays” poursuit en lançant ce pavé dans la mare : « faute d'alternance, essayons donc la monarchie constitutionnelle ! Ce système aurait au moins le mérite de bien faire fonctionner l'Etat, par l'entremise d'un Premier ministre qui aurait les pleins pouvoirs, tout en assurant la quiétude au président...à vie ».