Un témoin syrien est revenu sur ses premiers aveux devant la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, jetant ainsi le trouble à Beyrouth. À quelques jours avant l'audition à Vienne de cinq responsables syriens par la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, un témoin syrien est revenu sur ses aveux. Il a affirmé que des responsables libanais, dont le fils de Rafic Hariri, l'auraient forcé à mentir. Hossam Taher Hossam, qui dit avoir travaillé avec les services de renseignement syriens et libanais durant les années de tutelle militaire de Damas sur le pays du Cèdre, a déclaré dimanche à la télévision syrienne qu'il avait été enlevé et torturé par des proches de Saad Hariri et d'autres responsables anti-syriens. Ceux-ci lui auraient demandé de fournir un faux témoignage devant le magistrat allemand Detlev Mehlis, chef de la commission d'enquête de l'Onu, mettant en cause des responsables syriens, dont Maher al Assad, frère du président Bachar al Assad, et le général Assef Chaoukat, chef des services de renseignement militaires. Ses ravisseurs lui auraient aussi demandé de se rendre à Vienne pour faire face aux cinq responsables syriens qui doivent y être interrogés par Mehlis dans les bureaux de l'Onu. Hossam précise que le fils Hariri lui aurait dit qu'il était convaincu de l'implication de Damas dans le meurtre de son père mais qu'il avait besoin de son témoignage pour le prouver. Hossam a, par ailleurs, accusé le ministre de l'Intérieur libanais Hassan al Sabaa de lui avoir proposé 1,3 million de dollars pour certifier au juge Mehlis d'avoir vu le camion utilisé pour le meurtre de Rafic Hariri dans une base militaire syrienne. D'après lui, le leader druze libanais Walid Djoumblatt et le ministre libanais des Télécommunications Marouane Hamadeh auraient également demandé à d'autres témoins de fournir de faux témoignages. Hossam a déclaré que, d'après lui, Mehlis n'avait pas connaissance de ce complot. « J'ai senti qu'il n'avait aucun lien (avec cela) et qu'il n'en avait pas connaissance », a-t-il dit. La commission de l'Onu n'a pas indiqué si Hassam est bien le "témoin masqué" cité dans le rapport Mehlis. Mais elle a cependant reconnu avoir interrogé Hassam, en précisant qu'il était venu "volontairement" devant elle pour témoigner contre des responsables syriens et libanais. Dans une version confidentielle du rapport présenté le 20 octobre à l'Onu par M.Mehlis, un témoin syrien a indiqué que la décision d'assassiner Hariri avait été prise lors d'une rencontre, en septembre 2004, entre notamment Maher Assad, frère du président syrien Bachar al-Assad et chef de la garde présidentielle, Assef Chawkat, chef des services de renseignement militaire et beau-frère du président, et des responsables libanais. «Les déclarations du témoin syrien sont dangereuses car le rapport présenté par Detlev Mehlis au Conseil de sécurité est basé en grande partie sur deux témoignages», dont celui de Hossam Taher Hossam, écrit mardi le quotidien libanais As-Safir. «Au niveau juridique, le rapport Mehlis s'est effondré après la rétractation de M.Hassam,» a commenté, pour sa part, Ibrahim Darraji, porte-parole de la commission d'enquête syrienne sur l'assassinat de Rafic Hariri. Les cinq responsables syriens devaient rencontrer hier à Vienne la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de Rafic Hariri, a indiqué le chef du comité de l'Onu chargé de décider d'éventuelles sanctions contre la Syrie au quotidien libanais L'Orient-Le Jour.