On s'attendait, samedi 12 novembre, à une houleuse manifestation de la section casablancaise du Forum Vérité et Justice devant l'IER. On se retrouve avec des dizaines de vieillards ayant parcouru des centaines de kilomètres. Pour rien... Samedi 12 novembre 2005, le siège de l'IER (Instance Equité et Réconciliation) devait connaître l'organisation d'un sit-in tenu par des victimes des années de plomb membres de la section casablancaise du Forum Vérité et Justice. Le sit-in était prévu à 11 heures et les manifestants, pour la plupart victimes des événements des années 1960 et 1970, devaient protester contre leurs conditions de vie actuelles . Ces derniers, vivant pour la majorité des problèmes de santé, voulaient arracher une révision des décisions de la commission d'arbitrage car s'estimant lésés lors du processus d'indemnisation. Quelle ne fut la surprise des responsables de l'IER, mais aussi de l'entourage de l'immeuble où cette instance élit domicile, de voir débarquer, de bon matin, des dizaines de vénérables vieillards venus essentiellement de Béni-Mellal et de Khénifra. La plupart a supporté un voyage de nuit pour répondre présents à l'ouverture des bureaux de l'IER. Renseignement pris, ces derniers, pour la majorité des victimes des événements de Moulay Bouaâzza, ont reçu des communications des sections locales du FVJ les informant qu'ils devaient se rendre à l'IER car leurs dossiers étaient prêts. Beaucoup se sont exécuté dans l'espoir qui pour repartir avec un chèque et le montant d'indemnisation, qui avec la décision d'un bien à restituer... Il n'en fut et n'en sera rien. C'est ce que M'Barek Bouderka tentera de leur expliquer en les recevant, mais surtout en les rassurant que toutes leurs doléances auront des réponses tranchées vers la fin de ce mois de novembre. Le secret d'un tel débarquement matinal après des centaines de kilomètres parcourus dans des conditions difficiles par des personnes à qui tous les égards sont dus ? Ce n'est ni plus ni moins la volonté du FVJ de «donner du poids» à la manifestation organisée par sa section de Casablanca. M'Barek Bouderka, selon une source témoin de ce qui s'est passé cette matinée de samedi, après les avoir accueillis, a informé ses invités « malgré eux» qu'ils recevront des lettres officielles de l'Ier une fois que leurs dossiers seront définitivement traités. Soit, au maximum, vers la fin de ce mois de novembre. Selon cette source, les manifestants ayant pris part au sit-in ne dépassaient pas la vingtaine et le sit-in s'était déroulé dans le calme. D'ailleurs, la section casablancaise du FVJ compte près de quarante victimes qui estiment que leurs cas n'ont pas bénéficié de l'attention nécessaire et d'indemnisations adéquates. Notre interlocuteur, tout en affirmant comprendre l'embarras et les conditions difficiles de certaines victimes des graves violations des droits de l'Homme, estime qu'il est « indécent » de « se jouer ainsi de vénérables vieillards en leur faisant faire un si long trajet dans le simple but de grossir une manifestation qui ne les concerne aucunement.». L'IER, selon ses statuts, ne peut nullement faire figure d'instance de recours sauf dans les cas où des erreurs de comptabilités seraient avérées. Le rapport final, apprend ALM, est prêt à 50 % et sera remis à temps à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Son élaboration aurait cependant suscité quelques divergences d'approche entre les membres de l'IER.