L'intégration de la langue amazighe dans les deux chaînes nationales a été au centre d'un débat le lundi 24 octobre à Rabat. Le ministère de la Communication et l'Institut royal de la culture amazighe ont fait leur bilan. L'Institut royal de la culture amazighe revendique sa place dans les médias. En partenariat avec le ministère de la Communication, une commission d'étude a été créée pour concrétiser un objectif: celui d'intégrer davantage la langue amazighe dans le champ télévisuel national. Lors d'une conférence de presse organisée le lundi 24 octobre 2005 à Rabat, les principaux membres de cette commission mixte présidée par le ministre de la Communication, Nabil Benabdallah et Ahmed Boukous, directeur de l'Institut royal de la culture amazighe, ont fait part de cette volonté. Une volonté qui se donne comme mission de favoriser la diffusion de la langue amazighe. « Lors du discours d'Ajdir du 17 octobre 2005 qui a créé l'IRCAM, il était question de répandre la connaissance de la langue amazighe, étant donné qu'elle appartient à tous les Marocains », déclare Ahmed Boukous. Ce dernier ajoute également pour appuyer son constat que la télévision appartient à tous les citoyens et qu'elle devrait donc contribuer davantage à diffuser la culture amazighe. «Notre ambition, c'est de pouvoir obtenir sur les deux chaînes des émissions et des programmes de tous genres qui couvriraient 30% du volume horaire», ajoute le directeur de l'IRCAM. Le ministre de la Communication adhère à la même thèse. Une thèse selon laquelle les chaînes de télévision et les radios nationales devraient donner plus d'importance à la culture et au patrimoine amazigh. «Il existe déjà quelques initiatives de la part de la TVM, mais ce n'est pas suffisant », souligne Nabil Benabdallah. Ainsi pour pallier ce manque, la deuxième chaîne (2M) se serait engagée à inclure dans sa grille de programmes, une émission quotidienne dédiée à la culture amazighe, un programme hebdomadaire informationnel, social ou culturel, deux heures de variétés chaque mois, en plus de la diffusion de 12 productions entre films, téléfilms et pièces de théâtre. Concernant la première chaîne, elle a prévu, outre la programmation quotidienne d'un journal d'informations, une autre émission quotidienne, un programme informationnel, social ou culturel chaque semaine, quatre heures de variétés chaque mois et 12 productions télévisuelles. Le ministre a également évoqué le rôle de la quatrième chaîne dans la la transmission des langues, dont l'amazigh, et le soutien de l'enseignement de cette langue à travers la diffusion d'au moins une émission quotidienne. Outre la télévision, la radio est aussi concernée. « La radio nationale s'engage à passer de 12 à 16 heures d'antennes quotidiennes avec un programme diversifié 100% amazigh. «Des émissions en langue amazighe unifiée viendront enrichir la grille des programmes», explique Nabil Benabdallah. L'idée serait d'adopter un langage unifié. Au lieu d'avoir plusieurs dialectes de la langue amazighe tels que Tachelhit, Tarifit et Tamazight, la langue qui sera diffusée sur les chaînes de télé et les radios devra être standard donc susceptible de toucher une grande tranche de la population. «Pour notre part, nous nous sommes engagés depuis la création de l'IRCAM à effectuer ce travail de standardisation de la langue amazighe », souligne Ahmed Boukous. Et d'ajouter : « Nous sommes prêts à former une équipe pour pouvoir mener à bien cette entreprise et véhiculer la culture amazighe ». Les délais d'application sont fixés pour janvier 2006. Une façon de dire que la tâche ne sera pas difficile.