«Tout laisse à présager que la redynamisation du secteur touristique national passerait, du moins dans une première étape, par l'impulsion de la demande interne pour juguler les effets occasionnés par la poursuite de l'atonie des flux touristiques étrangers». A l'heure où les acteurs marocains du tourisme aspirent à une reprise rapide et effective de leur activité, les conditions d'accès sur le territoire national restent à leur sens contraignantes. L'exigence du pass sanitaire et du test PCR par les autorités nationales rend la concurrence plus rude face à la destination Maroc. Un fait confirmé par l'exécutif de la Confédération nationale du tourisme. Dans un bref entretien téléphonique, Hamid Bentaher, président de la Confédération, fait part, éventuellement, d'une perte de 50% des arrivées. Chose qui risquerait d'impacter la compétitivité de la destination Maroc dans ce contexte international qui reste toujours entaché d'incertitudes. A cet égard, le segment du tourisme interne reste un segment à consolider. Ce gisement se présente comme étant un amortisseur de choc en ces temps de crise. En témoignent les chiffres arrêtés à fin 2020. Il ressort que les arrivées des touristes internes dans les établissements d'hébergement touristiques classés du Maroc se sont contractées de 59,5% en 2020 contre 80,7% pour le tourisme récepteur. En parallèle, les nuitées des résidents marocains ont baissé de 55,4% en 2020 contre 72,4% pour le tourisme récepteur. Ces indicateurs, relevés par la Direction des études et des prévisions financières dans son récent Policy Brief, confirment le rôle du tourisme interne dans le maintien du système productif touristique. En effet, une analyse complète du potentiel du tourisme interne en tant que levier de relance post-Covid a été livrée par ce département relevant du ministère de l'économie et des finances. «Dans un contexte international entaché d'incertitudes et compte tenu des mesures prises par les principaux pays émetteurs, notamment européens, à travers des plans de relance orientés en faveur de la dynamisation de leurs marchés intérieurs, tout laisse à présager que la redynamisation du secteur touristique national passerait, du moins dans une première étape, par l'impulsion de la demande interne pour juguler les effets occasionnés par la poursuite de l'atonie des flux touristiques étrangers», explique Ilyes Boumahdi, chef du service des activités tertiaires et de l'économie du savoir dans une note introductive de cette publication qui s'appuie sur un diagnostic mettant en lumière les possibilités de dynamisation de la demande intérieure et l'impact du segment se rapportant aux flux touristiques sortants du Maroc sur l'activité touristique. Des recommandations ont été formulées dans le cadre de cette analyse. L'ambition étant d'insuffler un nouvel élan à la dynamique du tourisme interne tout en tenant compte des tendances endogènes et exogènes qui se présentent. Tel qu'il est proposé par la DEPF, le renforcement du rôle du tourisme interne dans la relance du secteur passe par la consolidation des mesures mobilisant les efforts à la fois des acteurs publics et privés. Ces actions devraient ainsi suivre un cadre englobant l'ensemble de l'écosystème. Bien que le tourisme interne ait connu un essor généralisé au Maroc, son potentiel demeure jusque-là inexploité comparé aux autres pays. L'analyse de la DEPF met en relief une accessibilité inégale pour les ménages marocains affectant celles des enfants et des jeunes avec des inégalités plus intenses relativement à celles liées aux dépenses totales. La DEPF indique par ailleurs dans son analyse que le tourisme interne subit l'effet d'éviction du tourisme émetteur, notamment dans son volet relativement compressible (hors pèlerinage et Omra, frais de scolarité et tourisme des affaires). D'où la nécessité d'investir davantage les opérateurs nationaux dans ce créneau en développant des packages adaptés.