Tirs de feu, désert, explosion, choc... Tout porte à croire qu'une telle scène introduit un film américain. Non, il s'agit bel et bien d'un long-métrage conçu par un cinéaste marocain. Projeté lundi soir en avant-première au CinéAtlas Rabat Colisée, «Redemption Day» de Hicham Hajji, qui allie un casting marocain et américain dans la même oeuvre dont les faits démarrent à Jbel Ighoud pour se poursuivre entre les frontières marocoalgériennes, Rabat et Washington, a été du goût du public r'bati. En créant une telle intrigue, Hicham Hajji réalise, tel qu'il l'indique en prélude à la projection, sa «passion pour les films américains». Au fil des scènes, les cinéphiles découvrent non seulement des événements à couper le souffle mais aussi l'apparition, l'une après l'autre, de stars étrangères comme Gary Dourdan, Serinda Swan, Andy Garcia et Brice Bexter El Glaoui entre autres, ainsi que de vedettes marocaines comme Mehdi Ouazzani, Younes Benzakour et Don Bigg, Abderrahman Baâlla tout comme la Franco-marocaine Sonia Okacha et la Tangéroise Soumaya Akaaboun, installée aux Etats-Unis. Interrogé par ALM sur la gestion des tempéraments d'un casting composé de nationalités différentes, Hicham Hajji indique que le traitement est fait «comme avec des enfants différents. Les acteurs c'est pareil». Quant à l'inspiration des faits de son oeuvre, elle trouve son origine, tel qu'il le révèle lors du débat sur le film, dans l'histoire de la défunte «Leila Alaoui». «Un ami a perdu sa soeur. En tant que cinéaste, je voulais chercher une histoire à relater. Mon choix s'est porté sur elle et son assassinat selon un autre point de vue marocain et arabe à raconter dans le marché international», détaille-t-il. Hicham Hajji y ajoute des effets spéciaux en montage à sa manière et recourt à des drones qu'il supervise avec ses propres soins. Pour l'heure, le film, qui a selon le cinéaste été «piraté», est sorti en début d'année à l'étranger notamment dans «plus de 120 pays». «A ma grande surprise, Netflix l'a acheté la semaine dernière pour l'Amérique du Sud, notamment dans 21 pays. Sans exception, il était classé numéro 1 sur cette plate-forme dans tous ces pays. Beaucoup l'ont vu et aimé en Amérique latine. Aujourd'hui, je suis fier de le présenter au Maroc, mon pays», révèle-t-il. Cela étant, le débat a qualifié le long-métrage de Hicham Hajji d'une oeuvre à «l'âme marocaine». Chose qui se confirme d'une scène à l'autre. «C'est une fierté pour le cinéma marocain. C'est un film marocain à l'américaine», indique judicieusement l'acteur Abdellah Chakiri à l'adresse du réalisateur qui avance que son film «a coûté dix fois moins cher qu'un film pareil aux Etats- Unis». A propos de l'usage de l'anglais dans son long-métrage, le cinéaste estime que les oeuvres peuvent être conçues en toutes langues et en tous dialectes. «Je suis convaincu que faire un film en anglais permet une plus grande visibilité. Il a même été traduit dans plus de 24 langues, même en russe», explicite-t-il. De son côté, le distributeur, Jean-Pierre François Bernet, également exploitant de la salle de cinéma, estime que ce film «mérite une version en darija. Hicham est le premier à faire un film du genre au Maroc». Et ce n'est pas tout ! Le film est sorti en premier dans des pays arabes comme l'Arabie Saoudite, les Emirats et la Jordanie selon son créateur qui rappelle que son oeuvre a été entièrement tournée au Maroc. «Nous n'avons rien tourné en Algérie ou aux Etats-Unis, par contre nous avons eu des problèmes avec le CCM pour autre chose qui était plus d'ordre personnel que du film», ajoute-t-il. S'agissant de la réaction algérienne, il estime que les voisins «se sont enflammés pour pas grand-chose». Les Algériens qui ont vu le film m'ont appelé et remercié», s'exprime le créateur qui a saisi l'occasion pour révéler le teaser de son prochain film lors de l'avant-première de «Redemption Day» qui fera visiblement une révolution dans l'industrie cinématographique marocaine. A voir et à revoir !