Mazagan ou la cité portugaise d'El Jadida observe un état de non-réhabilitation. Cette cité a été inscrite, l'année dernière, dans le patrimoine mondial de l'Unesco, mais attend toujours sa remise en valeur. La cité portugaise un an après son inscription dans la patrimoine de l'Unesco et après ? Telle est l'interrogation de quelques acteurs de la société civile à El Jadida. Ces derniers, après s'être félicités de ladite inscription, sont aujourd'hui dans l'attente d'une véritable action de réhabilitation. Et pour cause, cette cité portugaise qui date du XVIème siècle constitue une véritable richesse du patrimoine de la ville d'El Jadida. Construite sous forme d'une grande citadelle, cette cité comporte cinq bastions qui ont été légués par les colons portugais. Parmi ces bastions, celui de Saint-Antoine, la Tour de l'ange, ainsi que la Porte de la mer. Ces structures ont été touchées par l'usure du temps et menacent ruine pour leur majorité. Selon Azzedine El Kara, directeur du Centre du patrimoine maroco-lusitanien affilié au ministère de la Culture, «les forteresses sont en bon état, mais il est nécessaire d'opérer une réhabilitation générale du site ». Ici l'intéressé parle de l'ordonnancement architectural de l'ensemble des zones d'habitation de la cité portugaise. Ces zones se trouvent à l'intérieur de la citadelle. Celles qui existent déjà doivent être restaurées et les autres, qui vont à peine être construites, devront respecter l'aspect architectural de la cité. Cela fait partie des recommandations du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS). Lors d'une mission de cette instance, les experts avaient noté qu'il manquait un plan précis de la gestion du site et ses environs. Ils ont donc préconisé qu'une attention particulière soit accordée à la création d'une vaste zone-tampon. Une zone dans laquelle seraient appliquées des règles strictes d'urbanisme afin de conserver l'intégration visuelle des fortifications. La mission d'experts de l'ICOMOS a également recommandé pour qu'il y ait un contrôle de la hauteur de construction des bâtiments. Après les recommandations, les actes devraient normalement suivre. Une façon pour permettre à El Jadida de s'épanouir et de profiter de sa véritable réputation, celle d'une ville au riche patrimoine architectural. Cette réhabilitation et la gestion de ce site sont du ressort, entre autres, selon les dires de l'ICOMOS, du ministère des Affaires culturelles, des autorités locales, et du ministère du Tourisme. Cependant, le problème réside aujourd'hui dans le fait qu'aucune action de réhabilitation n'a été réalisée. Selon un des responsables de l'association de la cité portugaise à El Jadida souhaitant garder l'anonymat : « Il y a eu beaucoup de promesses, mais on n'arrive pas encore à faire adhérer la commune urbaine dans ce projet ». Du côté de la commune, on entend un autre son de cloche. Selon le président de la commune d'El Jadida Abdelatif Toumi, « quelques travaux de restauration vont débuter à partir du mois d'octobre ». Ces travaux concernent surtout la porte de la mer dont la muraille a été victime d'érosion. Selon M.El Kara, le budget de la restauration de cette Porte est estimé à 50.000 DH. Un montant qui doit être financé par le ministère de la Culture ainsi que la commune urbaine. Si les autorités locales affichent un air d'optimisme, du côté de la société civile, l'inquiétude règne toujours. « La cité portugaise se trouve dans un état lamentable, une action de remise en valeur doit être opérée ».