Formation en politiques publiques à la manière de l'Université de Harvard «Mon souhait c'est que ce soit utile pour tout ce qui va découler de ce nouveau modèle de développement et qu'on soit une assise ou un des outils qui pourrait être utilisé pour sa mise en œuvre». En lançant lundi à Rabat une formation sur l'évaluation des politiques publiques, l'Ecole nationale supérieure d'administration (ENSA) et l'agence Millenium Challenge Account (MCA)-Maroc veulent contribuer concrètement au nouveau modèle de développement. Une volonté que les responsables de ces deux structures expriment clairement à l'issue de ce lancement en partenariat avec l'Université de Harvard. «La phase actuelle de rénovation de notre modèle de l'action publique va certainement nous amener à monter une nouvelle génération des politiques publiques qui sont orientées développement», précise Rachid Meliani, directeur général de l'ENSA. Pour lui, cette orientation implique la nécessité de mettre en place de nouvelles approches d'évaluation de ces politiques publiques. «Il faut que nous soyons dans une logique d'évaluation de leur impact concrètement sur le citoyen et le développement», avance-t-il. A son sens, c'est la recherche de nouvelles approches de cette évaluation qui va contribuer au déploiement du nouveau modèle de développement. «Dans l'administration publique, il y a de hauts fonctionnaires chargés de porter ces politiques. Il faut aller dans le sens de leur donner les outils et moyens pour construire cette nouvelle génération de politique et l'évaluer», détaille-t-il. Et ce n'est pas tout. L'enjeu se situe, pour lui, au niveau de l'approche. «Il s'avère que les universités et institutions américaines sont à la pointe en recherche sur des politiques publiques. Une grande partie des approches et outils est développé par les laboratoires des universités américaines», ajoute le DG. M. Meliani estime également que le fait de s'y intéresser et s'en inspirer contribuera à construire l'action publique au Maroc. «Je veux que l'écosystème national de la réflexion au Maroc permet aux institutions d'accéder à un marché globalisé des idées et les adapter par rapport aux enjeux et questions de développement», enchaîne-t-il. De son côté, Malika El Asri, DG de MCA Maroc, précise que ce partenariat avec Harvard, Kennedy School et MIT découle d'un «projet démarré il y a plus de 3 ans». Comme elle le détaille, ce projet prévoyait l'instauration d'une culture d'évaluation des politiques publiques basée sur des méthodologies utilisant les données, soit les big data, l'intelligence artificielle, l'utilisation des analytics. «Sur cette base-là, nous avons prévu, en partenariat avec les différentes parties prenantes dont fait partie l'ENSA, des formations des enseignants, formateurs, formateurs de formateurs pour ancrer cette approche au niveau de l'administration marocaine ; qu'elle passe par la formation de base ou par la formation continue», poursuit-elle. Dans ce sens, elle s'appuie, en évoquant les propos de M. Meliani, sur la moyenne de 3000 personnes, entre ceux qui font la formation de base et celle continue, qui passent par l'ENSA chaque année. «Donc c'est une culture, un changement dans comment on fait les politiques qui consolide un peu ce qui se fait maintenant. Mon souhait c'est que ce soit utile pour tout ce qui va découler de ce nouveau modèle de développement et qu'on soit une assise ou un des outils qui pourrait être utilisé pour sa mise en œuvre», exalte Mme El Asri. Mieux encore, ce projet ne s'arrête pas au niveau de la formation. «C'est tout un processus qui dure un an et demi, soit le temps qui reste au Compact où il y a aussi le financement de certaines recherches», explicite-t-elle. Comme elle l'indique, des chercheurs seraient, suite à la formation, éventuellement intéressés par soumettre des projets à la recherche qui vont être accompagnés par ce consortium des deux universités en utilisant «evidence based» (pratique basée sur la preuve) à cet effet, soit des cas concrets qui vont permettre aux uns et aux autres de toucher vraiment à la pratique. «Nous visons tout ce qui est politique de l'emploi parce que c'est l'essence du programme et cela peut être utilisé avec n'importe quelle politique publique», conclut-elle.