Enfin, des chiffres demandés depuis longtemps par quelques engagés, disponibles. Ils nous assènent droit dans la figure une vérité que l'on a voulu longtemps renier. Le sentiment de «fatalité» qui veut que l'on accepte l'inacceptable à savoir le laisser-aller et cultiver l'idée que cela n'arrive qu'aux autres. Est-ce qu'on naît avec un handicap? Oui, malheureusement dans certains cas, mais c'est après que cela se corse. On croit à tort que cela n'arrive qu'aux autres. Nos actes peuvent être fatidiques. L'étude montre que les premières causes de déficience déclarées par les personnes interrogées sont les maladies acquises (38,4%), suivies des accidents (24,4%), avec en tête ceux de la route suivis des accidents de travail. Ces deux causes montrent s'il était encore nécessaire que ce n'est pas une fatalité. Il faut démarrer une campagne de sensibilisation à l'instar de celle réalisée par le ministère de l'Equipement sur l'utilité de la ceinture de sécurité. Jusqu'à, il n'y a pas longtemps, mettre sa ceinture de sécurité en ville était synonyme au mieux de zèle voire de bêtise. Et comme par miracle, après une campagne réussie. Une sensibilisation bien planifiée et en cohérence avec l'entrée en vigueur de la loi, tout le monde ou presque la boucle. Conduire se conjugue aussi au préventif. Alors, nous devons sur le volet de l'handicap, aussi être courageux, inventifs et solidaires pour éviter que cette minorité ne se transforme en majorité marginalisée. Il ne tient qu'à nous d'informer très tôt nos enfants des enjeux du respect des règles de la vie. L'école et la famille sont les gardes-fous incontournables pour apprendre à se prémunir contre tous les dangers : en vrac l'alcool, les drogues, l'hygiène… qui souvent conduisent droit dans un mur. Notre respnsabilité est aussi d'apprendre à nos enfants à respecter leurs camarades différents. Les petits peuvent être cruels, la presse a fait l'écho d'agissements durs envers ces enfants qui ne sont pas dans la norme. Cela est sûr marque pour longtemps ces petites victimes. Et certainement, si les parents sont exemplaires et respectent le droit à la différence et considèrent que l'handicap n'est pas une tare et que l'on peut être un citoyen à part entière, le regard de nos enfants changera positivement. Accompagner cette minorité visible à avoir une dignité, ne peut passer par la simple distribution de quelques pièces à un carrefour de préférence un vendredi pour se donner bonne confiance. Il est nécessaire d'apporter une réponse en amont par un accès à la scolarité et à la santé à cette minorité visible. Chacun peut apporter sa contribution. Quand l'effort est correctement réparti, la charge est acceptée et acceptable. L'exemple de l'assurance est édifiant : répartir le risque et apporter une solution personnalisée en cas de sinistre. Des mesures courageuses et sortant des sentiers battus sont à envisager. Et là, l'entreprise peut participer à cette intégration. En effet, l'enjeu à l'instar de la modernisation de l'entreprise, est en deux détentes, une au niveau de la création et l'autre envers les structures existantes. Et là aussi, avant de vouloir réinventer le fil à couper le beurre, ayons le courage d'appliquer les textes incitant les entreprises à recruter des handicapés. Très peu d'entre nous savent que la loi oblige les sociétés du secteur public, mais aussi celles du secteur privé à recruter cette minorité visible formée et qualifiée mais différente. En vertu de la loi, l'Etat doit recruter 7% de personnes handicapées à partir du quinzième embauché. Ce chiffre est cumulable, mais ce quota n'est pas toujours respecté. Au niveau du privé, la loi votée en 1993 a instauré l'obligation de recruter des personnes handicapées. L'absence de décret d'application rend cette loi inopérante à ce jour. L' Association marocaine des handicapés (AMH), acteur impliqué dans l'insertion et l'écoute de cette minorité essaie à travers son centre Nour d'apporter des réponses. Mais comme dit l'adage: une seule main ne peut applaudir. Et des centres Nor, il en faut plus d'un. Nous devons oser et se rappeler que la fiscalité est d'abord un instrument de politique gouvernementale. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a beaucoup d'argent qui dort dans les banques, alors que nos entreprises citent régulièrement parmi les principaux maux, le problème de financement. Il faut donc aller chercher l'argent là où il est et le canaliser vers l'investissement productif. Là, on parle de la responsabilité politique du gouvernement d'agir en concert avec la société civile et le monde de l'entreprise pour tracer un axe à suivre où le spéculateur d'aujourd'hui pourrait être demain (après lui avoir forcé la main au départ) devenir un partenaire responsable et engagé de la cité. Je reviens sur mon exemple de la ceinture de sécurité : tout est possible quand le dosage prévention, information, incitation et sanctions est clair et sans équivoque. Nous proposons de mettre en place un impôt sur la succession. Oui, en finir avec la rente à vie et faire en sorte que l'argent qui dort et ne sert ni son propriétaire ni la collectivité puisse être orienté vers l'investissement productif. Tout le monde se rappelle que la Bourse en France ne s'est jamais mieux portée que sous la gauche (fin des années 80) en mettant en place un dispositif fiscal très favorable pour l'investissement en bourse. Le dispositif préconisé par notre mouvement serait articulé autour de trois axes : • Progressivité au niveau du taux imposable • Exclusion des actifs professionnels • Exonération pour les successions ne dépassant pas 10 millions de Dirhams. Il permettra aussi d'améliorer l'assiette fiscale sans surtaxer le travail. C'est un deal gagnant-gagnant où ceux qui ont aujourd'hui de l'argent pourront en avoir plus demain de façon transparente. Être socialement responsable avec une redistribution plus juste aux autres parties prenantes en commençant par les salariés, ne serait plus alors une fiction. Gagner avec les autres et non contre eux c'est possible. A nous, de jouer. Cet impôt sur la succession qui trouve sa légitimité dans l'argent qui dort permettra de créer un fonds d'investissement pour l'aide à la réinsertion des handicapés. Il pourra aussi drainer des ressources pour des fonds en charge de la création et de la modernisation de l'entreprise. Ces deux composantes sont étroitement liées. Rappelons-nous que celui qui donne reçoit souvent voire toujours plus qu'il ne donne. Alors, n'attendons pas demain pour donner du sens au mot solidarité. La confiance-moteur de toute décision, c'est comme du bonheur qui dort, il suffit juste d'y croire et de faire le premier pas pour qu'ensemble nous puissons offrir aux générations à venir des actes et non pas encore et toujours des paroles. • Par Zakaria Fahim Président CJD Casablanca 03 - 05 Vice-Président National CJD 05 - 07 Centre Nour de l'AMH