Les Marocains, et plus globalement les Maghrébins, regardent de moins en moins les chaînes françaises. C'est ce qui ressort d'un rapport réalisé par le bureau d'études parisien, Sigma Conseil. Les Maghrébins boudent de jour en jour les chaînes de télévision françaises. Au profit des chaînes proche et moyen-orientales mais également et surtout locales. Ces dernières, note Hassen Zargouni, président de Sigma Conseil, seraient « plus accessibles et plus en phase culturellement ». Les chiffres, rendus publics par Le bureau d'études précité, sont très parlants. « Alors que l'étude évaluait le taux de pénétration quotidien des chaînes françaises à 29% en juin 2004, celui-ci est tombé à 25% en 2005 au profit des chaînes locales marocaines, algériennes et tunisiennes (54%) et des chaînes arabes internationales (30%) », relève le rapport de Sigma Conseil. Une baisse de 5% que des observateurs attribuent d'une part à la perte de vitesse de la francophonie dans le Maghreb, et d'autre part à la montée en premier lieu des chaînes de télévision locales et puis des télévisions satellitaires arabes. S'agissant des télévisions locales, elles attirent 33 millions de spectateurs, sur un total de 52 millions dans les trois pays maghrébins sus-mentionnés. Les Marocains seraient plus nombreux à regarder les télévisions locales, avec un taux de pénétration quotidien de 62%. Les quatre chaînes de télévision nationales : TVM, et ses « rejetons » Al-Maghribia en plus de la 4ème à vocation didactique, sans oublier la 2ème chaîne de télévision (2M), peuvent alors s'estimer heureuses. Les Marocains, contrairement à ce que l'on pourrait penser, viennent de montrer, chiffres à l'appui, qu'ils sont plutôt portés sur une programmation locale de plus en plus en prise sur leur réalité. Il faut souligner, en passant, l'effort de proximité manifesté par la chaîne-mère TVM et, à une moindre échelle, par la 2ème chaîne de télévision nationale (2M). Si les Marocains aiment se brancher «local», il n'en reste pas moins que les chaînes satellitaires arabes les séduisent de plus en plus. Ces chaînes, qui diffusent en continu, leur donnent la possibilité de se briefer sur des sujets arabes en tête desquels il y a la question palestinienne et la poursuite de l'occupation anglo-américaine de l'Irak. Tendance qui se confirme du côté est du Maroc, sachant que les chaînes arabes attirent 19 millions de téléspectateurs, particulièrement nombreux en Tunisie, alors que les chaînes françaises représentent 16 millions de téléspectateurs (contre 21 millions en 2004), particulièrement nombreux en Algérie (47%). Un chiffre que l'on peut mettre sur le compte de l'Histoire, sachant que, de tous les pays du Maghreb, compte tenu de la durée d'occupation française de l'Algérie, et malgré un intense effort d'arabisation, nos voisins de l'est sont restés le plus marqués par la francophonie. Si à cela devait s'ajouter l'existence de la seule chaîne de télévision «Algerian TV», porte-parole officiel du pouvoir algérien, on comprend facilement que les Algériens n'aient pas l'embarras du choix. Mais passons, le rapport dégage une autre tendance : il y a de plus en plus de Maghrébins qui regardent la télévision. Avec des téléviseurs présents dans 83% des foyers, la télévision rassemble chaque jour 52 millions de téléspectateurs au Maroc, en Algérie et en Tunisie, avec un taux de pénétration de 79,5% par jour en 2005. Une tendance cathodique donc en nette progression qui s'inscrit dans le cadre global du développement de l'audiovisuel dans le monde entier. Le petit écran est d'autant plus prisé qu'il a une longueur d'avance sur d'autres médias, sachant qu'il assure une information en direct et en continu, sans oublier la dimension «entertainment» (divertissement) manifeste à travers des soirées de chant et musique diffusées également en direct ; somme toute, les télévisions sont devenues un compagnon régulier et fidèle.