Le Financial Times et PMI décryptent le phénomène d'auto-disruption Dans cette période d'incertitudes, la technologie et l'innovation sont les ultimes recours pour assurer la compétitivité d'un business, voire sa survie. L'ère sous laquelle nous vivons connaît des changements majeurs et oblige les entreprises à revoir leur modèle. D'ailleurs, la pandémie de Covid-19 a mis en lumière le rôle prépondérant les technologies dans l'adaptation aux imprévus. Le changement est donc imparable. Dans le cas du Maroc, la Covid-19 a accéléré la transformation numérique et a accru l'usage des services en ligne. Dans ce contexte, le Financial Times et Philip Morris International (PMI) ont organisé une visioconférence, le 19 novembre 2020 sous le thème : «La redéfinition des entreprises via l'auto-disruption» afin d'obtenir des éléments de réponses sur la façon dont la technologie transforme le business en Afrique du Nord et de l'Ouest. Auto-disruption : PMI à l'avant-garde Depuis quelques années, PMI a opéré un virage important dans l'industrie du tabac en pariant sur un avenir sans fumée. En interne, ce changement majeur et brutal en même temps a transformé la manière de travailler de l'entreprise incluant dans son process le progrès scientifique en la matière. C'est ce que confirme Tommaso Di Giovanni, vice-président Communication Internationale chez Philip Morris International : «Chez Philip Morris International nous n'avons pas seulement vu cette auto-disruption mais on l'a voulue fortement et on a fait en sorte que cela se passe proactivement». Contrairement aux autres cas où c'est la technologie qui a forcé la transformation, chez PMI c'était différent dans la mesure où celle-ci a reconnu qu'elle a un produit nocif qui crée une dépendance et qu'il fallait trouver une alternative basée sur la recherche scientifique. «Notre business était solide, il n'y avait pas de menaces extérieures dues au changement technologique mais on s'est dit que c'était le moment de faire quelque chose de mieux. Pour nous c'est un choix courageux lorsque notre CEO a annoncé qu'on allait complètement s'éloigner des cigarettes, un produit qui a été vendu tel quel pendant des décennies et faire quelque chose de complètement différent, à savoir les remplacer par un produit basé sur la science», précise-t-il. Covid-19 comme accélérateur du changement En Afrique du Nord, tous les secteurs se prêtent à la disruption, selon l'économiste Noôman Lahimer. «La rupture Covid-19 implique un changement radical en termes de comportement et d'utilisation des technologies», précise l'expert. De son côté Fathallah Sijilmassi, économiste, met l'accent sur le fait qu'au niveau mondial le temps des crises devient plus court et les cycles de crises durant les dernières années sont rapprochés. «Cela suppose in fine que pour les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens, la gestion des crises et des éléments disruptifs est plus quelque chose de structurel que conjoncturel. C'est un changement de paradigme majeur». M. Sijilmassi relève le fait que la différence entre la disruption et l'auto-disruption c'est la capacité d'intégrer cette dimension structurelle pour faire en sorte que les éléments disruptifs soient anticipés et intégrés. Selon lui, l'innovation joue un rôle clé dans ce processus car c'est ce qui permet d'assurer la compétitivité. Pour ce qui est de la crise de Covid, l'économiste souligne la rupture voire le «choc» qu'elle a provoqué au niveau de plusieurs secteurs d'activités relevant que cette pandémie est un accélérateur de tendances. Il donne comme exemple l'initiative entreprise par le Maroc bien avant la Covid-19 pour construire un nouveau modèle de développement dont l'objectif est de placer l'humain et la dimension sociale au centre de l'équation de croissance économique. «La crise de Covid-19 n'a fait qu'accélérer et mettre de façon encore plus forte la nécessité d'une approche inclusive», indique- t-il. Parallèlement, cette crise a également contribué au renforcement de la recherche et de l'innovation grâce à la connexion qui s'est créée dans cette période entre l'Université marocaine et le monde de l'industrie dans une sorte de démarche anticipative. Sur cet effet accélérateur, Ramatoulaye Adama Diallo, CEO Ornage Money au Sénégal, a souligné lors de ce webinaire qu'au niveau de son secteur d'activité qui est le Mobile Money, la Covid a mis en avant les enjeux du digital et la nécessité de la simplification des services mobiles. «Depuis le mois de mars, nous sommes très sollicités par divers partenaires aussi bien du secteur privé que du secteur public», relève-t-elle.