Les évangélistes s'activent au Maroc. Les témoignages audio de plusieurs dizaines de jeunes Marocains qui se sont convertis au christianisme circulent sur Internet dans des sites créés à cet effet. Les campagnes de christianisation font rage au Maroc. Des évangélistes opèrent en toute liberté à l'intérieur du Royaume pour convertir les Marocains de confession musulmane au christianisme. Leurs campagnes visent essentiellement les jeunes. Leur méthode est simple : ils essayent de séduire ces jeunes par un discours louant la tolérance et le pacifisme du christianisme par rapport à l'Islam qu'ils présentent comme une religion rigide et intolérante. Profitant d'une conjoncture mondiale marquée par une détérioration de l'image de la religion musulmane notamment à cause de la prolifération des mouvements intégristes et de la multiplication des actes terroristes commis au nom de l'Islam par certaines organisations criminelles comme Al Qaïda ou la nébuleuse de la Salafiya Jihadia au Maroc, ils offrent aux jeunes Marocains la possibilité d'épouser une autre religion, le christianisme en l'occurrence, qu'ils disent plus tolérante et qui prône les valeurs de la paix. Une stratégie qui, malheureusement, semble être en train de donner ses fruits. Plusieurs dizaines de jeunes se sont déjà convertis au christianisme et ont commencé de leur côté à enrôler d'autres jeunes gens pour le compte des réseaux évangélistes opérant au Maroc. Le phénomène d'évangélisation n'est pas nouveau au Maroc. Il a toujours existé. Durant la période coloniale, les missionnaires étaient présents dans la presque totalité des villes marocaines et même dans certaines régions rurales. Mais, le modus operandi était différent. À l'époque, les évangélistes ciblaient les tranches un peu plus âgées de la population et l'effet d'attrait émanait des services sociaux que ces missionnaires prodiguaient aux personnes démunies. Soins médicaux gratuits, aides en denrées alimentaires et même des emplois figuraient parmi les moyens utilisés pour attirer les gens. La formule était donc simple : se résigner à écouter le serment évangélisateur du missionnaire en contrepartie d'une aide sociale. Aujourd'hui, la situation est très différente. Certes, certains jeunes auraient apparemment rejoint le mouvement de christianisation dans l'espoir de changer leur situation sociale notamment en aspirant à pouvoir utiliser ce changement de religion comme tremplin pour immigrer. Une sorte de "Hrig" religieux. Mais, il faut avouer que la campagne fait rage surtout dans des milieux aisés. Il s'agit donc d'un effet de mode chez les jeunes et d'une réaction contre l'intégrisme pour d'autres. Et bien que n'affichant pas leur religion pour crainte d'être stigmatisés par la société, ils se sont trouvés un autre moyen de se réunir et de continuer à transmettre le message de la christianisation dont ils estiment avoir l'obligation de diffuser dans leur entourage. Ainsi, ils se rencontrent, se réunissent et s'organisent via Internet. Aussi, des sites web ont-ils été créés par les organisations évangélistes qui visent le Maroc afin de faciliter à leurs adeptes le contact et de profiter de leur conversion pour attirer d'autres jeunes. C'est le cas, entre autres, du site dit "Amour pour le Maroc". Le nom du site a d'ailleurs été bien choisi. Car, beaucoup jeunes naviguent dans le web à la recherche de contacts "amoureux", et utilisent parfois le mot "love Maroc" comme mot-clé pour trouver des sites de Chat. Ils tombent ainsi sur le site qu'ils n'hésitent pas à ouvrir et là, ils découvrent que le contenu est totalement différent de ce à quoi ils s'attendaient. Dans ce site, le visiteur découvre plusieurs dizaines de fichiers audio à télécharger ou à écouter en direct. Ces enregistrements contiennent des témoignages de jeunes Marocains parlant en dialecte et sans accent – ce qui ne laisse aucun doute sur leur origine –qui racontent comment ils ont découvert le christianisme et le changement que leur vie a connu depuis qu'ils se sont convertis à cette religion. «Depuis que j'ai découvert Jésus, j'ai découvert la vie, la paix et ma vie a complètement changé… Jésus me guide et m'oriente… Jésus s'est sacrifié pour moi et grâce à son sacrifice, j'irai au Paradis», explique une jeune voix féminine. Un certain Noureddine raconte comment un ami lui a fait découvrir la voie de Jésus et comment il a découvert le christianisme et ses bienfaits. «Depuis, je vis dans le bonheur total grâce à mon seigneur Jésus», dit-il. Le site regorge de témoignages de jeunes issus de plusieurs régions du Maroc. Mais, devant cette dangereuse vague de christianisation, les autorités compétentes semblent ne pas vouloir réagir et ce malgré les sonnettes d'alarme tirées par plusieurs formations politiques au sein du Parlement. Répondant à une question qui lui a été posée par un député istiqlalien sur cette question, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a répondu qu'"aucun étranger n'a déclaré à l'Administration marocaine qu'il était venu pratiquer l'évangélisation". Le ministre s'est ainsi soustrait à ses responsabilités estimant que son département n'est pas concerné par cette affaire du moment qu'il n'y a rien d'officiel. C'est comme si les évangélistes étaient censés déposer des demandes d'exercer avant de commencer leurs campagnes au Maroc. Les services de sécurité, eux, n'ont pas adopté la même attitude passive du ministre des Habous. Depuis, quelques semaines, une enquête sur ce phénomène a été déclenchée en toute discrétion par les services de Renseignements de la sûreté nationale. Une cellule de coordination entre différents départements concernés par cette question a été créée à cet effet. Elle compte dans ses rangs, entre autres, des éléments de la Cyber-police récemment créée. Son objectif est de dépister les réseaux de christianisation et d'identifier ses membres les plus actifs au Maroc. Selon des sources informées, l'enquête avance à pas sûrs vers le démantèlement de certains réseaux. Mais, outre les investigations menées par les services de sécurité, il est impératif que le ministère des Habous sorte de sa torpeur et assume ses responsabilités pour contrecarrer cette campagne qui vise à ébranler la foi des Musulmans marocains.