Palestine. Les élections législatives ne pourraient pas se dérouler le 17 juillet comme prévu, a déclaré un haut responsable palestinien. Un report annonciateur de graves tensions entre le Fatah au pouvoir et ses rivaux du Hamas. Le vice-Premier ministre palestinien Nabil Chaâs a noté que la Commission électorale centrale (CEC) avait indiqué lundi qu'elle ne pourrait pas préparer le scrutin pour cette date en raison d'un désaccord entre des parlementaires du Fatah et le président Mahmoud Abbas sur la réforme de la législation électorale qu'il réclame. "Après la décision de la CEC, il devient impossible de tenir des élections le 17 juillet. Le président Abbas va renvoyer le projet de loi au Parlement (pour amendements)", a dit Chaâs à Reuters. "Si les élections sont repoussées de quelques semaines, ce ne sera pas une grande affaire." Il a souligné que le report du scrutin n'avait encore fait l'objet d'aucune décision formelle. L'annonce en revient à Abbas, qui a exprimé jusqu'ici l'intention de le maintenir à la date prévue. Le président palestinien se trouve à Washington, où il doit être reçue jeudi par le président W.George Bush. Un représentant du mouvement Hamas a exigé que les législatives soient maintenues à la date prévue. Le Hamas a réalisé un bon score aux récentes élections municipales, mais plusieurs de ses victoires ont été annulées à la suite de recours déposés par le Fatah, d'où les tensions actuelles. Abbas avait promis d'organiser des élections à la mi-juillet dans le cadre d'un accord conclu en mars avec les groupes radicaux. Les deux parties étaient alors convenues de respecter un cessez-le-feu avec Israël pour tenter de relancer le processus de paix, les radicaux obtenant en échange un droit de regard sur les futures décisions politiques. Les seules élections législatives palestiniennes organisées précédemment remontent à 1996. Des responsables du Fatah jugent toutefois nécessaire de différer le scrutin en raison du blocage parlementaire et pour achever de "faire le net" dans un parti en proie à la corruption. Le Hamas, voué à la destruction d'Israël et de plus en plus populaire en raison du rôle qu'il a joué dans l'intifada aussi bien que de ses oeuvres religieuses et charitables, s'est lancé dans une campagne électorale pour la première fois cette année. Abbas veut amender la législation électorale pour qu'un plus grand nombre de députés soient élus sur des listes de partis et non à titre personnel ou en vertu d'une appartenance clanique. Ceci pourrait favoriser le Hamas mais conformément à un voeu du président palestinien, qui souhaite intégrer les radicaux au processus central de négociation avec Israël. Certains vétérans du Fatah redoutent cependant que ces changements leur coûtent leur réélection, aussi ont-ils jeté un défi à Abbas en approuvant des mesures législatives sans les amendements qu'il requérait. Hassan Youssef, principal responsable politique du Hamas en Cisjordanie, a déclaré à Reuters que les propos de Chaâs étaient "contraires à l'accord" conclus par les factions radicales et Abbas en mars dernier au Caire. "Nous allons étudier la situation avec toutes les factions palestiniennes pour veiller à ce que les élections aient lieu à la date voulue", a-t-il dit. D'autres représentants du Hamas ont fait savoir qu'ils considéreraient tout report des législatives comme une manoeuvre du Fatah pour s'accrocher au pouvoir. Par ailleurs, à Gaza, des médiateurs égyptiens ont eu des discussions mercredi avec des négociateurs du Hamas pour tenter d'apaiser les tensions qui opposent le mouvement radical palestinien et le Fatah au sujet de certains résultats contestés des récentes élections municipales. Aucune percée n'a toutefois été signalée au terme de cinq heures d'entretiens dans un hôtel où l'équipe de médiateurs était dirigée par un responsable des renseignements égyptiens. Des juges palestiniens ont ordonné un nouveau scrutin le 1er juin dans trois villes de Gaza où la victoire du Hamas a été annulée après des cas de fraude dénoncés par le Fatah. "Il y a beaucoup de discussions sur les moyens de régler le problème. Mais pour le moment cela reste difficile", a dit Mahmoud al Zahar, responsable du Hamas, aux journalistes. Il n'a fait aucune allusion à d'éventuels pourparlers directs avec le Fatah.