Le cinglant revers essuyé par le parti social-démocrate a poussé Gerhard Schröder à jouer son va-tout. Un pari qui s'annonce difficile pour le chancelier. Le parti social-démocrate (SPD) du chancelier allemand, Gerhard Schröder, a subi une défaite historique dans son fief de Rhénanie-du-Nord-Westphalie aux élections régionales tenues dimanche dernier. Face à cet échec, le chancelier va tenter de miser gros en demandant au président Horst Köhler d'organiser des élections législatives fédérales anticipées. Ce scrutin aura lieu en septembre 2005. Le chef du gouvernement rouge-vert, arrivé au pouvoir en 1998, briguera un troisième mandat. «Je considère qu'il est de ma responsabilité et de mon devoir, en tant que chancelier allemand, de convaincre le président d'organiser de nouvelles élections au Bundestag le plus vite possible, de façon réaliste, d'ici l'automne 2005», a déclaré le chancelier. Pour ouvrir la voie à la tenue d'élections législatives anticipées, Gerhard Schröder compte organiser un vote de confiance au Parlement d'ici au 1er juillet, a annoncé lundi le président du parti social-démocrate (SPD), Franz Müntefering. Une fois ce vote perdu à cause de l'abstention des membres de la coalition SPD-Verts, le président disposera de 21 jours pour dissoudre le Parlement, après quoi le scrutin devra se tenir dans les 60 jours. Schröder aura probablement comme adversaire aux élections anticipées la présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel. Cette dernière devra officialiser sa candidature lundi prochain. Si la CDU remporte les législatives anticipées, Mme Merkel deviendra la première femme chancelier dans l'histoire de l'Allemagne. L'initiative du chancelier d'organiser ce scrutin est considérée comme un pari à haut risque pour lui. La progression du chômage en Allemagne, en effet, provoqué une chute libre de la cote de popularité de Gerhard Schröder. Sans oublier le programme de réformes très controversé du chancelier. Les chrétiens-démocrates, qui devancent le SPD dans les sondages nationaux, voient dans leur victoire en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé du pays (18,1 millions d'habitants), le signe précurseur de leur retour aux commandes fédérales. Ils ont remporté 44,8% des suffrages contre 37,1% au SPD. Rappelons que le SPD a gouverné cet Etat régional de l'ouest du pays durant 39 ans. Les Verts et les libéraux du FPD, alliés de la CDU, ont récolté 6,2%. La CDU occupera ainsi 89 sièges au Parlement de Dusseldorf et les libéraux 12. Ce qui est amplement suffisant pour gouverner. Le SPD conserve 74 sièges et les Verts 12. La défaite est cinglante pour le parti du chancelier, qui gouvernait 11 des 16 Länder en 1999 et n'en tient plus que cinq aujourd'hui. Johann Michael Möller, un journaliste au quotidien «Die Welt», a qualifié cette défaite du Parti SPD d'un séisme politique. «Le SPD est sur la corde raide», a-t-il écrit. Les électeurs de Rhénanie du Nord-Westphalie semblent avoir sanctionné les réformes du code du travail mises en oeuvre depuis deux ans par le chancelier, dans le cadre de son "Agenda 2010" et notamment la baisse des indemnités accordés aux chômeurs. Schröder espère néanmoins convaincre ses concitoyens que ces mesures, approuvées par la CDU, représentent un moindre mal comparées aux projets conservateurs. «Avec l'amer résultat électoral de mon parti en Rhénanie du Nord-Westphalie, le soutien politique à la poursuite de nos réformes est remis en question», a-t-il toutefois reconnu lors une intervention télévisée. Certains analystes estiment que Schröder espère peut-être surprendre les conservateurs. En dépit de leur victoire convaincante en NRW et de leurs progrès à l'occasion d'autres scrutins récents, les chrétiens-démocrates restent divisés au niveau national. Ils estiment aussi que Merkel n'est pas perçue comme une personnalité dotée d'un grand charisme. D'autres y voient une tentative de réduire au silence l'aile gauche du SPD qui réclame un changement de cap, y compris un retour sur les réformes de Schröder et l'adoption d'une nouvelle politique plus favorable aux travailleurs. Schröder arrivera-t-il a remonter la pente ? Une chose est sûre, sa mission ne sera pas du tout facile ,surtout après la chute continue de sa cote de popularité.