Le tourisme n'est pas le seul secteur qui explose. L'immobilier également. C'est la haute saison à Marrakech. La ruée fantastique. Depuis le début du mois de mars, les hôtels affichent complet. Les maisons d'hôtes et les résidences touristiques aussi. Difficile de trouver une chambre vacante. Les restaurateurs et les “night-clubeurs“ se frottent les mains… Les affaires marchent au-delà de leurs attentes. Le tourisme n'est pas le seul secteur qui explose. L'immobilier également. Attirés par les opportunités exceptionnelles qu'offre la cité ocre dans ce domaine, les promoteurs y ont élu domicile pour construire des résidences luxueuses et lancer une foule de chantiers. Ici, il y a assurément beaucoup d'argent à gagner avec cette jet-set mondiale et nationale qui dépense sans compter et ne jure que par Marrakech et ses nuits magiques. Les escrocs et les faux investisseurs ne sont pas en reste, qui ont certainement, dans ce grand étalage de richesse à l'ombre des palmiers, des coups à monter et des victimes à plumer. C'est le profil aujourd'hui de cette destination envoûtante en pleine expansion. Et si tout cela n'était qu'une bulle qui à force de grandir finira un jour par éclater ? Le rêve marrakchi se transformerait alors en cauchemar. Nombre de villes prestigieuses dans le monde ayant connu le même engouement ont vu leur activité phénoménale s'effondrer comme un château de cartes. Cette perspective inquiétante pose le problème du développement futur de la ville. En fait qui y réfléchit, s'en soucie ? Celui-ci est-il vraiment planifié, maîtrisé ? Autrement dit, où va Marrakech ? A-t-elle les moyens de supporter durablement une pression pareille ? Pour le moment, peu de responsables dans ce pays se posent cette question, séduits par les apparences de la prospérité locale qui les empêche de voir au-delà de la déferlante… Maire de Marrakech qui a fait beaucoup pour sa ville natale depuis plus de deux décennies environ, Omar Jazouli est conscient du danger qui la guette. Surtout que le boom touristico-immobilier actuel n'a pas été accompagné par exemple par une augmentation dans l'offre de santé qui reste peu suffisante. Et puis, est-il sain que l'excellente santé du tourisme local ne profite pas un peu aux autres destinations du Royaume comme Agadir, Fès ou Tanger ? Est-il normal que ces deux dernières villes notamment restent à l'écart de cette dynamique extraordinaire ? En tout cas, il y a quelque chose qui “dysfonctionne“ à ce niveau-là et qu'il faut corriger par la mise en place d'une politique de développement équilibrée. Pour l'instant, le paquet a été mis sur Marrakech avec une stratégie de bradage sans précédent : 99 euros par personne la semaine comprenant l'avion et le logement en demi-pension. Le tout-venant touristique, transporté à jet continu par des charters, prend d'assaut les hôtels de la ville. À ce rythme-là, c'est le label prestigieux de Marrakech qui risque d'en pâtir sérieusement. Là aussi, personne ne s'en émeut.