Le virtuose camerounais du saxophone Manu Dibango s'est produit en concert, samedi à Essaouira, en marge de la cérémonie de remise des prix aux vainqueurs du trophée Aïcha des Gazelles, devant des centaines de mélomanes dont un parterre de personnalités politiques, d'intellectuels et du monde des arts et de la culture. Puisant dans son répertoire riche et intarissable, le plus grand saxophoniste africain, qui ne cesse de confirmer au fil du temps sa grande adaptation à tous les courants musicaux, a su ravir un public de tous les âges avec des morceaux alternant jazz et musique moderne et africaine traditionnelle. ''Je fais de la musique depuis 50 ans et j'ai toujours la chance, à 71 ans, de continuer à faire ce que j'ai toujours aimé. Je souhaite aux jeunes de suivre la voie de leur passion : musique, art et sport, jusqu'au bout", a confié à la MAP le compositeur africain pour qui la magie de la musique est une inspiration humaine sans frontières. M. Dibango, qui en est à sa vingtième visite au Maroc, a émis le souhait de pouvoir jouer sur scène avec les groupes gnaouas, se disant honoré d'être à Essaouira pour assister à la fête des Gazelles. De son vrai nom Emmanuel N'Djoké Dibango, Manu effectue, tout jeune, un long périple en bateau et accoste à Marseille (France). Il avait fait ses débuts musicaux en grattant d'abord la mandoline, puis en apprenant le piano. En musicien nourri au Jazz, il découvre sa vraie passion pour le saxophone et y excelle. L'ouverture d'esprit de ce natif de Douala (Cameroun) en 1933, lui permet d'aborder toute sorte de rivages, d'établir des ponts entre les continents et de jeter des passerelles entre tradition et futur tout en s'engageant dans les combats humanitaires. Manu Dibango, qui est au moins autant journaliste, anthropologue ou philosophe que musicien, est le maître incontesté de la ''world music''. A l'occasion de la 8-ème coupe d'Afrique des Nations, grand événement footbalistique qui s'était déroulé à Yaoundé (Cameroun) en 1972, il compose un hymne qui n'est autre que le plus gros tube africain de tous les temps ''Soul Makossa''. Cet instrumentiste inclassable, qui s'est produit sur les plus grandes scènes mondiales et a reçu divers prix et distinctions, est considéré par beaucoup comme le précurseur de la musique africaine ''moderne'' ayant réussi une grande adaptation à tous les courants musicaux.