L'artiste-peintre expose ses travaux récents à la galerie Bab Rouah de Rabat du 19 avril au 20 mai. Une exposition qui dévoile un nouveau style chez cet artiste connu pour son abstraction. Bouchta El Hayani a surpris son public. Cet artiste-peintre qui, a toujours fait dans l'abstraction, tente aujourd'hui la figuration. C'est du moins ce que ses œuvres exposées en ce moment à la galerie Bab Rouah de Rabat laissent dévoiler. Cet artiste-peintre est connu pour s'être, et pendant longtemps imposé en tant qu'un partisan de l'abstraction. Des couleurs, des motifs qui rappellent l'art traditionnel ont toujours été prédominants dans ses tableaux. Aujourdhui, Bouchta El Hayani innove. Non seulement il change de format de son support, mais il ajoute un nouveau élément: la figuration. Bouchta El Hayani avait habitué son public à des toiles de petit format. Mais cet artiste veut s'étendre dans une superficie plus large. Dans une plage de couleurs mixtes, l'artiste fait entrer des personnages. La majorité des toiles récentes qui sont exposées dans la galerie Bab Rouah dévoilent un corps dessiné à la manière d'un anatomiste. Les corps sont debout. Ils sont par moment en chair et en os et par d'autres moment, seul un squelette orne la superficie peinte. Les figures de Bouchta El Hayani sont dessinés d'un trait sûr. L'artiste montre, sa capacité de dessin qui, selon un de ses amis peintres, est indéniable. Son geste n'est pas hésitant et les traits sont clairement visibles. Cependant, ces personnages d'El Hayani ont une spécificité intrigante. Ils se caractérisent tous, dans leur totalité, par l'absence d'organes génitaux. Ils sont castrés. Ils ont tous ce point en commun. Est-ce par pudeur ou par peur de choquer le spectateur de l'œuvre que Bouchta El Hayani a agi ainsi ? Les deux raisons peuvent être ici évoquées. Pour mettre fin à toute polémique, l'artiste a cru mieux faire en castrant ses personnages. Ceci tout en sachant que cela fait partie de la nature humaine. Pour éviter toute polémique, l'artiste a préféré tout simplement couper court à toutes les spéculations. C'est un style que Bouchta El Hayani a choisi. Autre surprise, l'allusion à la crucifixion. Une tête accrochée sur une croix fait partie d'un de ses nouveaux travaux. C'est ici une conception occidentale auquel fait allusion Bouchta El Hayani. D'ailleurs, selon les spécialistes en histoire de l'art « la figuration ne nous appartient pas, elle est propre à l'Occident, étant donné que l'Eglise commandait des dessins de chez les artistes pour faire office d'icônes et pour orner la cathédrale». Les artistes comme Michel ange, par exemple, étaient tenus à représenter le Christ et la Sainte Vierge selon des passages parfois précis de la Bible. Les dessins se basaient sur les textes. C'est pour cette raison précise que l'art figuratif avait connu un grand élan en Occident. D'ailleurs, c'est pour cette même raison que le figuratif représente un grand pan de l'histoire de l'art occidental. Le figuratif s'est étalé sur une grande période en Occident. Ce genre est par la même occasion apprécié par un grand nombre de personnes qui sont à la recherche de la compréhension. Est-ce donc pour plaire que Bouchta El Hayani s'est penché sur le figuratif ? Rien n'est sûr. Mais du moins, l'artiste s'offre une période de changement qui caractérise ses récents travaux. Des travaux qui sont aussi quelque part un clin d'œil au défunt Kacimi. Les personnages de Bouchta El Hayani sont voisins à ceux de Kacimi. C'est en somme tout un cocktail de nouveautés qu'offre l'artiste pour lequel « la peinture c'est l'être ». Une façon de justifier son choix de cette nouvelle expérience où la figure s'installe avec force.