Le syndicat libre des musiciens marocains (SLMM) a rédigé un communiqué, très critique à l'égard de la deuxième chaîne nationale 2M. Les auteurs de ces communiqués accusent la chaîne d'anti-nationalisme et de discrimination. Les deux communiqués accusent cette chaîne de télévision de privilégier les artistes étrangers et de négliger les chanteurs et musiciens marocains. Le SLMM en veut comme preuve «l'absence » de 2M lors du 5ème festival de la chanson arabe. Cette manifestation n'a pas été couverte par 2M, selon les deux communiqués. Cependant, si les termes des communiqués sont clairs, ils demeurent insuffisants sans l'instruction de Mostapha Bagdad, secrétaire-général du SLMM. Bien plus, il existe des différences entre le communiqué en arabe et sa version en français. Dans le premier, il est écrit que « le syndicat a reçu des lettres exprimant la condamnation et la dénonciation de musiciens marocains au regard de leur négligence par 2M». Interrogé par « Aujourd'hui le Maroc » sur l'identité des auteurs de ces doléances, Mostapha Bagdad s'est refusé de « divulguer » des noms. L'affaire serait donc si grave qu'elle pourrait mettre en péril des chanteurs et musiciens ! En plus, dans le communiqué en arabe, il est clairement dit que les chanteurs marocains déplorent que la deuxième chaîne privilégie les « artistes étrangers et contribue à donner de l'éclat à leur image ainsi qu'à diffuser leur production ». C'est seulement au troisième paragraphe que le festival de la chanson arabe de Casablanca est cité. Il est reproché à 2M de l'ignorer, mais il n'est pas indiqué la nature de cette ignorance. De quel ordre est-elle ? Diffusion des concerts, spots publicitaires ou bien couverture médiatique ? En fait, c'est Mostapha Bagdad qui va clarifier la nature des griefs. « Nous réclamons notre droit à l'information. Nous ne demandons pas plus de 1 à 2 mn dans le journal de cette télévision ! Or, 2M n'a fait aucune mention d'un festival international, qui plus est à deux pas de son siège ». Donc, c'est une présence dans les journaux télévisés de 2M que réclame le secrétaire-général du SLMM. Et il ajoute : « Comme nous sommes liés par un contrat d'exclusivité à la TVM, nous ne pouvons demander à 2M de diffuser des concerts. Nous réclamons simplement notre droit à l'information ! » Or, cette requête spécifique ne se lit pas dans le communiqué. Et selon Omar Salim, directeur des programmes à 2M, cette chaîne aurait couvert le festival de la chanson arabe en diffusant des séquences dans le journal télévisé. Par ailleurs, la version en français du communiqué de la SLMM reproche à 2M, dès la première phrase, de ne pas s'être intéressée au festival de la chanson arabe. Et chose inédite, le communiqué en français oppose « le nationalisme de la TVM et son soutien sans faille à l'art et la culture de notre pays » à l'anti-nationalisme de 2M. Les auteurs de la version en français ont poussé à cet égard l'ingéniosité jusqu'à trouver un titre facile : « 2 M ou anti-M ? ». Ce titre sous-entend que 2M est une chaîne anti-marocaine. Or, s'il n'est pas très noble de louer une chaîne pour enfoncer une autre, cela l'est encore moins lorsqu'on parle de patriotisme pour les expressions artistiques. Mostapha Bagdad est intarissable sur le sujet. « Est-ce qu'on diffuse les chanteurs marocains dans les pays du Proche et Moyen-Orient ? Tout serait donc si hideux chez nous que rien ne mériterait d'être montré chez les autres ? » Mostapha Bagdad voudrait en somme que la deuxième chaîne rende la pareille aux télévisions arabes qui ne diffusent pas de Marocains. C'est une mesure étroite, mesquine, xénophobe, sans intérêt et qui risque de surcroît de dépassionner les spectateurs. Si des quotas de protection sont imposés dans plusieurs pays européens pour défendre la production nationale, cette mesure est considérée comme un encouragement à une production distinguée et non pas une assistance à ceux qui ne le méritent pas. Au SLMM d'encourager ses membres à plus de créativité. À 2M de réfléchir à initier un travail semblable à celui qu'elle fait avec les réalisateurs marocains de films. En finançant des enregistrements de chansons, elle créerait un climat d'émulation. Et tout le monde y trouverait peut-être son compte.