Depuis le sommet d'Aqaba, Mahmoud Abbas est critiqué par les groupes palestiniens armés qui lui reprochent trop de concessions vis-à-vis d'Israël. Tôt dimanche, trois Palestiniens revêtus d'uniformes militaires israéliens ont réussi à s'infiltrer au niveau d'un check-point à Erez, près de la frontière avec la Bande de Ghaza, pour attaquer les soldats qui s'y trouvaient. Après en avoir tué quatre et blessé quatre autres, les trois assaillants ont été abattus par l'armée israélienne. Revendiquée à la fois par le Hamas, le Djihad islamique et les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, cette attaque est venue marquer le retour de la violence quatre jours après la tenue d'un sommet axé sur le processus de paix israélo-palestinien dans la ville jordanienne d'Aqaba. «Cette opération commune a été perpétrée pour confirmer le choix de guerre sainte et de résistance de notre peuple jusqu'à la fin de l'occupation de notre territoire et de nos lieux saints», précisait le tract signé par les trois mouvements. Abdel Aziz Rantisi, un responsable du Hamas, a par ailleurs affirmé que cette attaque avait pour but de lancer le message suivant à la direction palestinienne : les Palestiniens continueront à combattre l'Etat hébreu et «ne se rendront pas à la pression exercée par Israël et les Etats-Unis». Dès la nuit de samedi à dimanche, un membre des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, avait été tué après avoir attaqué une patrouille israélienne au barrage routier de Kissoufim dans la bande de Ghaza. Ces deux incidents font figure de défi direct à l'égard du Premier ministre Mahmoud Abbas, qui s'est engagé à démilitariser l'Intifada et à obtenir un cessez-le-feu des groupes armés. Ce que les intéressés, réunis samedi soir, ont rejeté tant que l'armée israélienne ne se retirerait pas des territoires, et tant que les questions du droit au retour des réfugiés, et de Jérusalem ne seraient pas réglées. Depuis vendredi, le Hamas s'est même retiré des discussions avec Abou Mazen, qu'il juge trop conciliant à l'égard des Etats-Unis et d'Israël. Le Premier ministre palestinien, qui a annulé les rencontres politiques qu'il devait effectuer dimanche dans la Bande de Ghaza, était attendu aujourd'hui à Ramallah pour une conférence de presse. Selon le ministre de l'Information Nabil Amr, Il devait expliquer la teneur des entretiens qu'il a eu mercredi dernier avec le Premier ministre Sharon et le président Bush. Il devait également rappeler ses engagements pris à Charm Al-Cheikh et Aqaba de lutter contre le «terrorisme et la violence sous toutes leurs formes». L'Etat hébreu l'a par ailleurs sommé dimanche de réagir « immédiatement » après l'attaque d'Erez. «Abbas doit traiter de la question du terrorisme, sans attendre», a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner. «Nous ne nous attendons pas à cent pour cent de résultats immédiatement, mais s'il ne combat pas les terroristes, nous le ferons nous-mêmes» a-t-il prévenu. Côté américain, la conseillère du président pour la sécurité nationale, Condoleeza Rice, a déclaré dimanche que «le processus de paix au Proche-Orient devait se poursuivre en dépit» des violences. Reste que Mahmoud Abbas est aujourd'hui pris entre deux feux.