Réunissant une cinquantaine de médecins, le congrès ORL, tenu à l'hôtel Idou Anfa les 25 et 26 mars, a failli tourner au drame. En effet, les participants ont été victimes d'une intoxication alimentaire. Récit. «Nous avons survécu à une intoxication très grave. Si nous n'étions pas médecins, il y aurait eu des décès», indique Dr Najib Baghdadi, l'un des médecins oto-rhino-laryngologistes les plus gravement atteints par l'intoxication. Ainsi des médecins sont-ils tombés malades alors qu'ils sont chargés de soigner les autres ! Après le buffet offert par l'hôtel Idou Anfa, le vendredi 25 mars à l'occasion de la première journée du congrès ORL, les premiers symptômes de l'intoxication sont apparus la nuit. «Nous avons déjeuné vers 13h30», explique Dr Najib Baghdadi. Et de continuer : «Les symptômes étaient ceux d'une intoxication : nausée, vomissements, douleurs au ventre, diarrhée, frémissements et fièvre». N'ayant rien avalé de particulier depuis le repas du midi, Dr Najib Baghdadi s'est posé des questions quant à la possibilité d'une intoxication collective à cause du buffet qui lui a été servi ainsi qu'à tous les invités du congrès. Le médecin a téléphoné à ses confrères pour se renseigner : ils étaient une vingtaine à souffrir des mêmes maux. Les 20 médecins atteints avaient essayé de se soigner par eux-mêmes croyant à une petite intoxication passagère. C'était en vain. «J'ai l'habitude de manger aux restaurants de l'hôtel Idou Anfa. Je n'avais jamais eu de problème de santé. Mais cette fois-ci, la bouffe était manifestement mauvaise», souligne notre interlocuteur. Il continue : «Sinon, comment expliquer que 20 personnes sur 50 aient failli y passer ?!». Le buffet contenait des salades variées et des plats chauds à base de diverses viandes dont celle du poisson. Dr Najib Baghdadi soupçonne fortement les ingrédients des salades. En tant que médecin, il sait que les plats cuisinés génèrent rarement des intoxications. La décision de l'hospitalisation devenait une urgence, surtout pour certains. «Face à une intoxication, chaque personne réagit selon sa sensibilité et ses défenses», explique Dr Baghdadi. L'Association organisatrice du congrès a décidé en concertation avec les oto-rhino-laryngologistes intoxiqués de la clinique où se faire soigner le lendemain. Samedi, à 10h00 les victimes ont été tous hospitalisés dans la même clinique puisqu'il s'agit d'une intoxication collective. Certains d'entre eux étaient dans un état grave. «Certains malades avaient plus de 40° de fièvre. Il y en avait même qui déliraient», explique Dr Mohammed Bennani, le gastrologue ayant traité les 15 médecins admis le matin du samedi à la clinique. «Nous avions dû les perfuser en urgence à cause de la déshydratation. Nous leur avons donné les soins de première nécessité. Ils souffraient d'une intoxication grave», explique le médecin traitant, en soulignant la gravité de ces cas d'intoxication. Dix des intoxiqués ont quitté l'hopital dans la matinée du lundi 28 mars, alors que cinq sont toujours sous surveillance médicale. «Les 10 médecins qui ont quitté l'hopital ont toujours besoin de soins. Ils ne sont pas complètement rétablis. Ils ont demandé à partir à cause de leurs responsabilités», continue Dr Mohammed Bennani. Pour Pr Mustapha Detsouli, oto-rhino-laryngologiste, directeur de l'Hôpital 20 août et membre de l'Association ORL, l'affaire sera portée devant les tribunaux par l'Association au plus tard dans la journée du mardi 29 mars. «L'Association portera plainte contre la direction de l'hôtel Idou Anfa. Il est hors de question de laisser passer un incident pareil», déclare Pr Mustapha Detsouli. Contactée par ALM, la Direction de l'hôtel Idou Anfa affirme n'avoir aucune responsabilité dans l'intoxication des médecins. «Nous avons offert le même buffet à quelque 250 personnes. Outre les 50 médecins invités pour le congrès ORL, il y avait d'autres invités venus dans le cadre de quatre autres manifestations. A cette date, personne ne s'est plaint d'aucune sorte d'intoxication, sauf les médecins ORL », explique-t-on. Reste que cette affaire risque d'entâcher la réputation d'un établissement hôtelier qui jouissait jusqu'ici d'une bonne image auprès aussi bien de la profession touristique que des clients.