Plusieurs fois par jour, les animaux du zoo d'Ain Sebaa subissent un drôle de calvaire : des trains qui ne cessent de passer, de repasser et de klaxonner tout près de leur enclos. Les plus observateurs des usagers de la navette Casablanca – Rabat auront peut-être remarqué qu'en passant au niveau du quartier d'Ain Sebaa, on peut apercevoir quelques tristes locataires du zoo du même nom. Cachés derrière quelques arbres, entre des blocs de bétons, des poneys attirent notre regard furtif. Et en se penchant un peu plus, on peut même contempler quelques gazelles… et imaginer qu'elles sautillent comme elles ont coutume de le faire lorsque, en pleine savane, elles sentent un impitoyable prédateur s'approcher de leur troupeau. Ici pourtant, le danger ne vient pas des lions, bien qu'ils soient affamés, mais de ces trains qui passent fréquemment à proximité ! Une nuisance sonore que l'on pourrait comparer à celle que les riverains de certains aéroports subissent à chaque atterrissage-décollage d'un de ces engins volants. Certes, le train n'occasionne pas le même brouhaha qu'un avion. Mais il se trouve qu'à cet endroit même longeant le zoo, notre navette a pour habitude de klaxonner à tue-tête pour prévenir les nombreux piétons téméraires qui traversent les deux voies ferrées. Imaginez donc ce que ce signal sonore peut entraîner chez un animal sauvage peu habitué à ces agressions urbaines ! Et ce à une fréquence quotidienne qui peut atteindre parfois tous les quart d'heure ! Ces pauvres êtres sont surpris jusque dans leur sommeil nocturne par cet impitoyable vacarme. Si l'homme souffre de ces nuisances, l'animal aussi. L'on sait que des dizaines de mammifères marins comme les dauphins et les baleines meurent chaque année en mer Méditerranée parce qu'ils sont victimes de telles agressions provoquées par le trafic maritime. Les locataires du zoo d'Ain Sebaa ne sont pas mieux lotis. Mal nourris, mal logés, ils subissent aussi une maltraitance indirecte due à l'emplacement même de leur lieu de captivité. Victimes de stress, évoluant dans un environnement malsain, ces animaux continuent quand même d'émerveiller quelques jeunes visiteurs. À quel prix ?