Miloudi Moukharik juge positif le résultat du dialogue social. Pour ce dirigeant de l'Union marocaine du travail, le chemin parcouru est long… Entretien. ALM : Comment l'UMT a pu gérer le dialogue social alors que pendant longtemps elle claquait la porte ? M. Moukharik : L'UMT, comme vous le savez, a toujours claqué la porte dès qu'il s'avère que le dialogue auquel on aspire se transforme en palabres au détriment des revendications de la classe ouvrière. Nous avons toujours eu en face des gouvernements qui ne veulent pas de dialogue sincère et sérieux. Avec le gouvernement Youssoufi, on a passé des heures à discuter de la nature de notre rencontre. Est-ce un dialogue social ou des négociations ? Cela s'est transformé en bavardage. Le syndicalisme est par essence pragmatique et les ouvriers attendent des résultats, donc du concret. Cela veut-il dire qu'avec le Cabinet Driss Jettou, la donne a changé ? Il faut dire qu'avec le gouvernement Jettou, nous avons senti sa volonté de réaliser des choses et estimé à sa juste valeur sa sincérité. Les aisances de travail ont été marathoniennes, mais toutes les parties ont fait en sorte que le dialogue avance et que du concret soit réalisé. Pour notre part, nous avons mis notre expertise et notre maîtrise des dossiers au service de cette tâche. Mais concrètement, qu'est-ce qui a été justement réalisé ? Il y a deux volets essentiels. Le premier, qui est à notre sens le plus grand acquis, est celui de la liberté syndicale et la présence des syndicats dans toutes les instances de gestion des entreprises. Et ce comme le stipule la convention 135 du Bureau international du travail. C'était une priorité pour nous et le code du travail l'a prise en compte. Sur le plan des revendications matérielles, soulignons notamment l'augmentation du SMIG de 10%. La première tranche sera accordée au 1er juillet et la seconde au 1er janvier 2004. Soulignons au passage que l'augmentation du SMIG implique forcément une revalorisation des salaires. Et c'est dans cet objectif que nous avons appelé à l'ouverture des négociations sectorielles. Ceci dit, pour nous la bataille continue puisque déjà les fédérations du textile et du bâtiment ont rejeté l'accord relatif au SMIG… Nous avons réussi aussi à régler le problème du droit de grève. En somme, nous avons démythifié le code du travail que nous avons toujours considéré comme un SMIG législatif. Les conventions collectives doivent normalement améliorer les acquis et les conditions de travail pour l'ensemble de la classe ouvrière. L'accord du 30 avril tel qu'explicité par la déclaration du Premier ministre est marqué par la touche UMT. Est-ce le poids de la centrale ou le savoir-faire des négociateurs UMT ? L'UMT est un syndicat indépendant des pouvoirs publics et des partis politiques. Pour défendre cette indépendance, des centaines de nos militants ont payé de leur peau et passé des années en prison. Tous ceux qui ont fait partie du syndicat pour se servir et non servir la cause des ouvriers sont restés hors circuit. L'histoire a donné raison à l'UMT qui garantit la liberté politique de ses adhérents. Seul gage de son indépendance.