Intitulé «Rapport 2005 sur la stratégie internationale de lutte contre les stupéfiants», ce document annuel du département d'Etat américain affirme que la culture et l'exploitation du cannabis restent une activité majeure dans le Nord du Royaume. «Le Maroc continue d'être un producteur et exportateur majeur de cannabis ». Le verdict est aussi prévisible que sans appel. L'intérêt qu'il revêt s'explique par la partie qui en est la source et qui n'est autre que le département d'Etat américain. Celui-ci, qui semble s'intéresser de près au Maroc, vient en effet de rendre public son rapport annuel sur la lutte mondiale contre les stupéfiants. Intitulé « Rapport 2005 sur la stratégie internationale de lutte contre les stupéfiants », ce document volumineux de 1074 pages dresse le bilan des efforts déployés de par le monde en vue de combattre le fléau de la drogue et du blanchiment d'argent. Dans la section consacrée au Maroc, le rapport reprend les statistiques et les données de l'étude 2003 menée conjointement par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l'Agence du Nord. D'après le rapport, le Maroc a produit environ 47.400 tonnes de cannabis brut en 2003. Une telle production peut donner environ 3.080 tonnes de haschisch. La superficie utilisée pour la culture du cannabis est de 134.000 hectares. Environ 800.000 Marocains (soit 2,7 % de la population) y sont impliqués. Les revenus générés se situent entre 16.400 et 29.800 dollars par hectare, contre une moyenne de 1.000 dollars par hectare de maïs. Mais une petite partie de ces rentrées va directement au cultivateur. Les points principaux d'exportation sont Oued Laou, Martil et Bou Ahmed. La plupart des cargaisons sont acheminées vers l'Espagne par des bateaux de pêche et des yachts ou sur des camions et des voitures à partir de Sebta, Melillia et le port de Tanger. Relatant les actions de lutte contre les drogues au Maroc en 2004, le rapport précise que, sur le plan politique, le ministère de l'Intérieur a fait état en mai d'un « nouveau plan intégré » pour combattre le trafic de la drogue. Objectif réduire progressivement les zones de la culture du cannabis, renforcer le contrôle aux frontières, étendre la coopération régionale et internationale en matière de formation, y compris le lancement d'une compagne agressive pour la sensibilisation du public. En septembre, le Maroc et la France ont procédé au déploiement d'officiers de liaisons à Tanger et en France. « La loi marocaine prévoit des peines de prison maximales pour les délits concernant la drogue allant jusqu'à 30 années et des amendes pour la violation des dispositions relatives à la drogue, allant de 20.000 à 80.000 dollars ». Des peines de 10 ans d'emprisonnement restent la sentence typique à l'encontre de trafiquants majeurs arrêtés au Maroc. Un projet de loi du département de la Justice prévoit des peines plus dures contre le trafic de drogues ». En matière d'application de la loi, le rapport rappelle notamment l'affaire Mounir Erramach condamné à une peine de 20 ans de prison ferme, assortie d'une amende de 375 millions de dollars. Environ 10.000 agents de la police ont aussi été mobilisés, sur un mode de rotation et ce depuis 1995. «Les forces marocaines sont également déployées dans des postes d'observation le long de la côte méditerranéenne, alors que la Marine marocaine effectue des patrouilles de routine et entre en action en cas d'alertes émises par les postes d'observation», relève le rapport. En dépit de ces mesures, il y a toujours une culture extensive et un trafic du cannabis dans le Nord du Maroc. Les efforts du Maroc dans la lutte contre la culture du cannabis sont rendus difficiles par les alternatives économiques limitées offertes à court terme à ceux impliqués dans la production du cannabis. La corruption y est également pour beaucoup. Le rapport indique dans ce sens que des enquêtes sont en cours sur des allégations «d'abus de pouvoir, de corruption, de détournement de fonds publics et de trafic de drogue», ainsi que sur la violation de la confidentialité professionnelle par de hauts agents de la police, des responsables de la Douane, des magistrats et autres fonctionnaires gouvernementaux liés à l'affaire Erramach. Etablissant un lien direct entre trafic de drogue, blanchiment de drogue et financement du terrorisme, le rapport évoque les objectifs de la politique américaine au Maroc et qui consistent à fournir une formation sur les techniques de lutte contre ce trafic. La formation en matière de sécurité aux frontières et d'équipements a permis de mettre en échec 37 opérations de trafic de drogue dans la région du Nador en 2003. ces efforts «peuvent aussi aider le gouvernement du Maroc à améliorer ses capacités de contrôle du mouvement de l'argent provenant du commerce de cannabis».