Le Maroc et l'Espagne ont mis en marche un projet consistant à doubler l'actuelle interconnexion électrique. Cette dernière passera des 3 câbles prévus à 6 et devra servir à la fois pour exporter et pour importer l'électricité. Le renforcement de l'interconnexion électrique entre le Maroc et l'Espagne est, de nouveau, à l'ordre du jour du programme de partenariat entre les deux pays. Baptisé REMO (Renforcement électrique méditerranéen occidental), un projet de dédoublement de l'actuelle interconnexion électrique vient en effet d'être mis en marche. Il s'agit de passer d'un total de trois câbles sous-marins, dont deux sont encore à l'état de projet, à six. Et pour cause, cette interconnexion ne sera plus utilisée que pour exporter de l'électricité au Maroc, mais aussi pour en importer. Si le projet, mis en service en 1997, devait initialement servir comme un système permettant à l'Espagne d'exporter de l'électricité au Maroc, la canicule qui a frappé l'été dernier de plein fouet une bonne partie de l'Europe, y compris l'Espagne, a changé la donne. Cela, dans la mesure où la demande en énergie électrique s'est faite ressentir du côté Nord de la Méditerranée. Red Eléctrica Espanola (REE), l'équivalent espagnol de l'Office national de l'électricité (ONE) s'est vu dans l'obligation d'importer de l'électricité. Cité par le journal Espagnol Cincodias (www.cincodias.com), Antonio Lucio, directeur délégué de la REE en Andalousie, a reconnu que son pays a déjà eu recours, et à plusieurs reprises,à l'importation d'électricité du Maroc, bien avant l'été dernier, l'ONE étant reconnu comme un des opérateurs du système électrique du pays ibérique. Précisant le caractère exceptionnel de ces importations, M.Lucio n'en a pas moins affirmé que son pays peut y recourir si la crise en énergie électrique venait à se reproduire. Les investissements visant à augmenter la capacité de transit de l'interconnexion électrique entre le Maroc, l'Algérie et l'Espagne sont destinés à diversifier les sources d'énergie et à sécuriser les approvisionnements. Ils visent également à accroître la coopération et l'intégration économique régionale dans le domaine de l'énergie. Le réseau électrique marocain est déjà interconnecté avec celui de l'Espagne par un câble sous-marin 400 kV et avec celui de l'Algérie par deux lignes de 225 kV. Ces interconnexions permettent de garantir l'approvisionnement du pays en énergie électrique. C'est en particulier grâce à cette liaison sous-marine que l'ONE peut déjà importer d'importantes quantités d'électricité d'Espagne. Afin de renforcer ces liaisons, l'ONE avait décidé d'investir 3 milliards de Dh en ayant recours à un prêt de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) de 120 millions d'euros, un prêt de la Banque Africaine de développement (BAD) de 50 millions d'euros et un prêt de l'Agence Française de développement (AFD) de 50 millions d'euros. Le projet consistait notamment à doubler la capacité de transit de l'interconnexion Maroc-Espagne en la faisant passer de 700 à 1.400 MW et à faire passer le capacité de l'interconnexion Maroc-Algérie de 400 à 1.700 MW. Les travaux en cours vont s'étaler sur une durée de 4 ans. Ils consistent en la construction de 670 Km de lignes THT 400 kV et de 60 km de lignes HT 225 kV, l'installation de 3 câbles sous-marins 400 kV de 28 km, la construction de plusieurs postes transformateurs et l'installation de plus de 1.200 km de câbles à fibre optique. Ce projet constitue la première partie du réseau électrique prévu par le renforcement de la coopération énergétique Euro-Méditerranée.