Secrétaire général du club des investisseurs arabes créé en mai 2002, Ali Bajaber, 37 ans, est un investisseur saoudien au Maroc où il a lancé récemment deux entreprises, Imperial Limousine et Média Boulevard. Aujourd'hui Le Maroc : Quelle appréciation faites-vous du Forum de l'investissement arabe qui s'est tenu, mercredi 26 février à Rabat ? Ali Bajaber : C'est une bonne initiative qui nous a permis, responsables marocains et investisseurs arabes, de lancer une réflexion de fond qui permettra de lever les obstacles qui entravent le développement de la coopération économique arabe. Justement, les investissements inter-arabes restent très faibles. Moins de 3 milliards de dollars en 2001, soit 0,34% des investissements dans le monde. A votre avis, cette situation est-elle normale ? Non, elle ne l'est pas. Pour promouvoir les investissements inter-arabes, il n'y a pas 36.000 solutions. Les pays concernés doivent se réapproprier leur destin économique en rapatriant leurs capitaux en circulation dans les places financières internationales. Objectif : mettre ces ressources au service du développement local à travers des programmes et des projets productifs. Il s'agit de fonds colossaux, estimés à 2 tri billion de dollars, appartenant à diverses entités : gouvernements, hommes d'affaires et expatriés. Cette situation est emblématique de l'échec des gouvernements arabes à mettre en place des politiques économiques efficaces à même d'absorber ce surplus financier et l'intégrer dans des marchés arabes modernes. Il ne suffit pas de rapatrier les capitaux arabes qui circulent à l'étranger pour que le monde arabe se transforme en puissance économique… La faiblesse des taux de croissance et du volume des investissements dans nombre de pays arabes est liée essentiellement au manque des moyens de financement. Nos pays ont d'autant plus besoin de l'ensemble de leurs ressources financières que leurs dettes extérieures respectives sont devenues un très lourd fardeau. La situation est aujourd'hui telle que l'accès à des prêts supplémentaires devient de plus en plus limité en ce sens que le service de la dette est supérieur ou égal en volume à tous les crédits internationaux dont les pays arabes peuvent éventuellement bénéficier à l'avenir. Autre facteur négatif, l'évolution démographique et les dépenses de l'État dépassent le taux de croissance économique… Il s'agit maintenant pour le monde arabe d'inverser la tendance en imaginant de nouvelles stratégies susceptibles de créer un environnement favorable pour les capitaux arabes investis en occident. La création au Maroc du club des investisseurs arabes participe-t-il de cette volonté d'attirer les fonds arabes vers le Maroc ? Absolument. Ce club a pour ambition de “vendre“ le Maroc dans les pays arabes de telle sorte d'inciter les investisseurs à venir y promouvoir des projets utiles. Car nous considérons que le Maroc, qui dispose de nombreux atouts qui ne sont pas encore exploités, n'a pas encore pris la part qu'il mérite dans le flux des investissements arabes. Aussi attendons-nous du gouvernement marocain de prendre ce club au sérieux et d'en faire un interlocuteur privilégié. D'autant plus qu'il s'agit d'un outil dont les actions et les initiatives coûtent zéro dirham au budget de l'État marocain. Il faut donc qu'on exploite le club… (rire). Oui, les membres du club se considèrent comme des VRP bénévoles au service de la promotion de l'investissement arabe au Maroc.