En vérité, le gouvernement retenu, jeudi dernier, a été décidé par Mahmoud Abbas qui a exigé, dès le départ, que dix au moins des ministres soient nouveaux, malgré l'opposition d'Ahmed Qoreï... Le Parlement palestinien, le mardi 22 février, a cru replâtrer le gouvernement d'Ahmed Qoreï (Abou Ala) avec un projet comprenant quatre nouveaux noms sur vingt-quatre. Ensuite, contrairement à la réforme promise par Mahmoud Abbas, une toute autre formation était présentée, à nouveau, avec seulement deux parlementaires. Les jeunes du Fatah se sachant menacés, ont demandé le renvoi de cette deuxième formule. Ahmed Qoreï a dû céder pour éviter que la responsabilité ne retombe sur Mahmoud Abbas, alors que ses amis tournaient le dos à leurs promesses de réformes, mettant, ainsi, en danger sa position. Le groupe, se disant les « fils d'Arafat », qui soutenait Ahmed Qoreï et la vieille génération, était allé jusqu'à publier un tract à Ramallah contre les jeunes du Fatah : « Nous vous connaissons et nous savons qui vous êtes. Notre peuple connaît vos semblables, les mercenaires. Aussi bien les membres du Parlement que les responsables des services de sécurité dans le passé, - ajoute le tract -, vous avez échoué en tout (…) Nous savons qui vous paie. Prenez garde, notre patience a des limites. Nous ne vous laisserons pas spéculer sur l'avenir de notre peuple ». Le message s'adresse aux jeunes de la nouvelle génération du Fatah, qui tiraient les ficelles, dans les coulisses, pour la formation d'un gouvernement reconstitué après l'élection de Mahmoud Abbas. Des noms de remplaçants éventuels d'Ahmed Qoreï sont avancés. Mais l'on craint, par-dessus tout, une détérioration pouvant entraîner l'effritement du groupe du Fatah, par l'élimination de personnalités politiques traditionnelles. Le Hamas est le grand gagnant des discussions intérieures au sein du Fatah. Celles qui pourraient obliger l'Autorité palestinienne à repousser la date des élections municipales et législatives, de crainte d'une déroute du Fatah face au Hamas, à l'exemple des dernières élections municipales dans la bande de Gaza. Jeudi dernier, la présentation du nouveau gouvernement, comprenant une majorité de technocrates, a marqué la victoire des jeunes parlementaires et la défaite des anciens dirigeants ayant servi sous Yasser Arafat. Ahmed Qoreï a compris qu'il n'avait aucune chance de faire voter la confiance au profit d'un gouvernement proche de celui en place, jusqu'à l'élection du nouveau président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Certes, des accusations des jeunes du Fatah contre les vétérans, - de gaspillage et de corruption -, ont dévoilé la tension entre Abou Mazen et Abou Ala. Un des jeunes parlementaires est allé jusqu'à dire : « Il est difficile de voir dans un gouvernement de technocrates experts une révolution contre Yasser Arafat, une «dérafatisation », mais la victoire du camp des réformistes, de la démocratie et de la jeune délégation ». Dans le nouveau gouvernement, on retrouve donc 24 ministres, dont 17 personnalités n'ayant jamais tenu un portefeuille. Quinze ministres sont de Cisjordanie ou de Jérusalem-Est et neuf sont de Gaza. Huit seulement sont des anciens connus et les autres inconnus du public. En effet, au moins neuf ministres sont anonymes parmi eux des universitaires, des hommes d'affaires, de hauts fonctionnaires des ministères palestiniens et de la société civile. D'autre part, deux femmes ont été nommées au gouvernement, Zahira Kamal qui était ministre des Affaires de la Femme au précédent gouvernement, et qui le reste, et Hind Houri, anciennement chargée du Tourisme, qui devient sans portefeuille. Une des grandes nominations concerne Samir Houleilah. Il était «secrétaire du Cabinet palestinien», économiste compétent et homme d'affaires ces dernières années, très proche d'Ahmed Qoreï, qui a participé à l'équipe palestinienne aux pourparlers de Paris, sur les accords économiques avec Israël. Une réunion dans la nuit de jeudi, a nommé Nabil Shat, ministre de l'Information et adjoint au Premier ministre. Le gouvernement était alors soumis au vote de la Commission parlementaire, qui lui a accordé sa confiance par 54 voix pour, 10 voix contre et 4 abstentions. Le nouveau gouvernement siègera, environ 5 mois, jusqu'aux élections législatives prévues le 17 juillet 2005, qui provoqueront l'élection d'un gouvernement à nouveau… Ahmed Qoreï a pu présenter son équipe en précisant : «Nous présentons, une fois encore, un gouvernement que nous avons organisé après le rejet des autres propositions. Le programme gouvernemental veillera à la sécurité publique, à l'organisation et à l'exécution des élections municipales et législatives (parlementaires) et à la sortie d'un projet de réforme des institutions palestiniennes ». En vérité, le gouvernement retenu, jeudi dernier, a été décidé par Mahmoud Abbas qui a exigé, dès le départ, que dix au moins des ministres soient nouveaux, malgré l'opposition d'Ahmed Qoreï. Donc, ont perdu leurs portefeuilles des membres réputés comme Saïb Ariqat, chargé des négociations avec les Israéliens, qui a démissionné après avoir vu que son ami Ahmed Qoreï, risquait de perdre son poste, faute de majorité. Les autres sont Hicham Abd Al-Razaq, chargé des problèmes des prisonniers ou Djamal Shoubkhi, ministre de l'Intérieur. Parmi les ministres nommés, on retrouve Nasser Yossouf, ministre de la Sécurité intérieure, Nasser Al Qidwah, ministre des Affaires étrangères, Mohammed Dahlan, ministre des Affaires des habitants (en particulier ceux devant travailler en Israël), ou Salam Fayed, ministre des Finances, candidat au remplacement de Qoreï… Mais aussi Mazan Sanokrot, homme d'affaires de Jérusalem-Est, très proche de tout le mouvement islamiste et, en particulier, du Hamas, ainsi que le Dr Halad Al-Kawasma de Hébron. On raconte à présent que le mouvement du Djihad islamique, mis de côté pour ses relations étroites avec la Syrie et le Hizbollah, a décidé de l'acte terroriste de Tel-Aviv qui va retarder (dit-on) le transfert à l'Autorité palestinienne des grandes villes…