Le Premier ministre israélien refuse de rencontrer le président Arafat. Nouveaux raids de l'armée israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Craintes d'une aggravation du conflit. Dès le lendemain de sa victoire électorale, Ariel Sharon a lancé une grosse opération avec des unités de blindés et d'infanterie dans la ville palestinienne d'Hébron, dans le Sud de la Cisjordanie. Une vingtaine de blindés ainsi que des bulldozers ont été déployés à Hébron où l'armée israélienne a procédé à la destruction d'habitations de civils palestiniens. Selon la radio israélienne, ces opérations répressives vont durer plusieurs jours. Les enfants ont été envoyés à l'école et les salariés se sont rendus sur leur lieu de travail avant d'être tous sommés à faire demi tour par des hauts-parleurs annonçant le couvre-feu et des tirs de sommation des blindés. La ville d'Hébron est divisée en deux zones depuis les accords intérimaires de 1997. Quelque 450 colons juifs y vivent enclavés au milieu de 150.000 Palestiniens. L'armée israélienne a annoncé avoir arrêté une vingtaine de Palestiniens en Cisjordanie. Des responsables de l'Autorité palestinienne et des Mouvements de libération palestiniens avaient donc raison d'avertir que la victoire de la droite et de l'extrême droite israéliennes aux dernières législatives risquait de provoquer un regain de heurts dans les territoires occupés. «Les choses vont aller de mal en pis, le processus de paix sera gelé et la situation va empirer de plus en plus», a confirmé le principal négociateur et ministre des Collectivités locales Saëb Arekat. «Sharon a réoccupé la Cisjordanie durant son premier mandat et il va maintenant réoccuper la Bande de Gaza», a ajouté le responsable palestinien. M. Saëb Arekat a souligné que «le peuple palestinien respecte le choix démocratique des Israéliens et le Président Yasser Arafat invite le gouvernement israélien à reprendre les négociations à partir du point où elles ont été stoppées, à Taba». M. Nabil Chaâth, ministre palestinien de la Coopération internationale, a aussi estimé que «les prochains jours seront très difficiles». «Nous devons nous y préparer, travailler avec intelligence, unifier nos rangs et agir avec sagesse pour faire face au nouveau gouvernement», a-t-il dit. «L'important est de savoir si le gouvernement israélien va poursuivre l'occupation des territoires ou s'il va accepter de reprendre les négociations», s'est demandé pour sa part M. Nabil Abou Roudaina, principal conseiller du président Yasser Arafat, en demandant à la communauté internationale de faire pression sur Sharon pour qu'il se décide à négocier. Mêmes appréhensions au sein des Mouvements de libération palestiniens. Un haut responsable du Hamas a exprimé la crainte que la reconduction de Sharon ne soit le prélude à «l'accélération de l'escalade de la violence et de la guerre et l'augmentation des crimes contre le peuple de Palestine ». Il a prédit également la «recrudescence de la résistance armée palestinienne», car il n'y a «aucun autre choix que la résistance et l'autodéfense». «Tous ceux qui pensent encore au processus de paix doivent reprendre les armes. Il n'y a aucune paix avec Sharon»,a-t-il souligné. Contrairement aux apparences, ces affirmations n'ont rien d'exagéré. Raânan Gissin, porte-parole de Sharon n'a pas exclu que l'armée israélienne reprenne le contrôle de la Bande de Gaza. D'ailleurs en Cisjordanie, les dernières opérations répressives de l'armée israélienne visent à établir une zone tampon autour de Tulkaram pour encercler ses habitants. Des terres palestiniennes seront expropriées et annexées, a affirmé un document de l'armée israélienne. Cette zone tampon aura 10 km de long et 24 mètres de larges, selon ce document qui ne donne pas plus de précision. Concrètement, cette mesure entraînera l'isolement total de Tulkaram qui sera prise en tenaille entre la zone tampon et la clôture qu'Israël construit le long de la ligne séparant son territoire de la Cisjordanie. Les élections législatives israéliennes se sont déroulées sur fond de violences en Cisjordanie et à Gaza. L'armée israélienne a ainsi assassiné quatre palestiniens à Jénine. Elle a aussi imposé un bouclage sans précédent aux territoires palestiniens réoccupés. Par ailleurs, Sharon a rejeté la proposition de rencontrer le président Yasser Arafat pour une reprise immédiate des négociations de paix. Le président de l'Autorité palestinienne espérait reprendre aussitôt que possible les discussions. Le refus de Sharon démontre encore une fois, s'il en était besoin, sa volonté de continuer à tuer et à détruire.