Judaïsme. En marge de l'ouverture à Bruxelles de la quinzaine judéo-marocaine, André Azoulay, conseiller de S.M. le Roi, a accordé un entretien au quotidien belge «Le Soir». Dans cet entretien, publié le 7 janvier, André Azoulay a mis les points sur les i. Il existe des idées reçues qu'il faut corriger. L'actualité des Arabes et des Juifs porte si peu à la fraternité que de nombreuses personnes ont du mal à considérer la relation de ces deux peuples indépendamment du conflit. C'est pour cela qu'une manifestation consacrée à l'art juif au Maroc ne peut que surprendre dans un pays comme la Belgique. La surprise est d'abord celle du journaliste du «Soir» qui a interrogé André Azoulay sur cette manifestation. Sa question a en effet trait au parrainage de cette manifestation par SM le Roi. «Quelles en sont les motivations ?», demande l'interviewer. Et André Azoulay de corriger le présupposé de cette question : «Le judaïsme marocain n'est pas une pièce rapportée. Il fait partie du patrimoine national dans ses composantes historique, sociale, culturelle et spirituelle. Il était dès lors normal que cette manifestation qui met en relief l'histoire, la mémoire et le futur du judaïsme marocain soit honorée par le très haut patronage de Sa Majesté». Première rectification apportée donc à l'idée que l'on se fait communément des Juifs dans le monde arabe : une entité exogène sans attache réelle avec ces pays. Cette idée est évidemment étayée par le gouvernement israélien qui diffuse la propagande de la haine. André Azoulay réfute l'unique voie de l'affrontement par l'exemple du Maroc. «Quand règne la soi-disant fatalité de la confrontation, le Maroc donne l'exemple contraire, et cela dans une légitimité historique enracinée dans une réalité socioculturelle qui n'a rien à voir avec un phénomène de l'instant ou une quelconque mode», souligne-t-il dans ce sens. Le message de cette manifestation culturelle ne se cantonne pas toutefois au Maroc. Il s'agit peut-être d'une exception marocaine dans le monde arabe, mais d'une exception porteuse d'espoir. C'est la preuve d'une entente possible. La démonstration que la cohabitation entre les deux communautés n'est pas une illusion. «J'ajouterai que, dans le contexte actuel de doute intercommunautaire, la quinzaine belge ne manque pas de panache : on a besoin de témoignages comme ceux-là pour redonner ses meilleures chances au dialogue», précise André Azoulay dans ce sens. Son interviewer lui objecte que la réalité contemporaine du judaïsme marocain ne concerne plus qu'un petit nombre de Juifs. Le conseiller de S.M. le Roi y consent: «Nous sommes effectivement passés d'une communauté juive marocaine de 200 000 âmes en 1960 à quelque 4000 à 5000 actuellement ». Il précise toutefois que les milliers de Juifs marocains dans le monde ont gardé de très solides liens avec leur pays d'origine. «Le judaïsme marocain ne se réduit pas au seul espace géographique de son origine», insiste-t-il. André Azoulay a ensuite fait part de son engagement en faveur de la paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Cet engagement ne date pas d'aujourd'hui : «À la fin des années 60, j'ai fondé avec des intellectuels juifs marocains le groupe “Identité et dialogue” dont la charte réclamait la création d'un Etat palestinien à côté d'un Etat d'Israël». Et c'est ainsi que l'actualité a rejoint une manifestation d'art. Une manifestation placée sous le signe du dialogue et qui ne concerne pas seulement les Arabes et les Juifs, mais oppose également la tolérance et le respect de la différence de l'autre à certains discours haineux actuels en Belgique.