Le panier de la ménagère se fait de plus en plus léger. Le prix des légumes de grande consommation connaît actuellement une hausse substantielle : plus de 50% pour certains produits alors que d'autres ont même disparu du marché. Il fallait s'y attendre. Avec la sécheresse et cette invasion de criquets pèlerins, la production agricole ne pouvait s'en sortir indemne. Et cette récente vague de froid qu' a connue le Maroc a été le coup de grâce qui a assommé nos agriculteurs. Du coup, le consommateur se trouve face à une tendance haussière des prix des légumes. Le prix des produits de grande consommation n'a pas cessé d'aller crescendo, il y a juste une semaine. À Casablanca, les haricots verts ont atteint le prix de 25 Dh le kilogramme, les petits pois, 12 Dh, les choux-fleurs, 5 Dh, les tomates, 6 Dh, les pommes de terre, 4 Dh, et les courgettes, 5 Dh. Les aubergines, quant à elle, ont carrément disparu du marché. Le panier de la ménagère, déjà pénalisé par un faible pouvoir d'achat, est devenu de plus en plus léger avec la flambée des prix de ces denrées alimentaires essentielles. Une visite dans les grandes surfaces ainsi que dans les supermarchés renseigne sur le mécontentement des consommateurs. Rachida, une jeune femme au foyer et mère de trois enfants, avoue que son budget mensuel consacré à l'alimentation est sur le point d'être épuisé. On n'est qu'au 16ème jour du mois, et elle a d'ores et déjà du mal à joindre les deux bouts. Rachida n'est pas la seule à se plaindre de cette hausse brutale des prix des légumes. Khadija, une jeune femme employée dans une entreprise privée, se dit perplexe face à cette flambée des prix : «Je ne fais que subir ce mouvement, comme tous les autres d'ailleurs. Ce qui me révolte encore davantage, c'est cette indifférence qu'on éprouve envers les consommateurs: aucune explication, ni autre tentative de nous rassurer en disant que cette hausse ne serait que passagère !». L'explication de cette augmentation vertigineuse des prix est à chercher ailleurs, dans les étendues cultivables agricoles. Il faut toutefois préciser que les basses températures accompagnées de gelées et de chute de neige dans certaines régions ont eu «des impacts très variables» sur les légumes, et ce en fonction du type des cultures et des plantations. Les superficies qui ont pâti le plus de cette vague de froid se trouvent essentiellement au Gharb-Loukkos, Tadla-Haouz et au Saïss. Et les légumineuses alimentaires, surtout les fèves et les petits pois, l'arboriculture fruitière et la canne à sucre figurent également sur la liste des cultures les plus touchées. La région Souss-Massa-Drâa est également l'une des zones qui a le plus souffert du froid. Ses cultures de plein champ et même celles sous-serre n'ont pas été épargnées par cette vague de froid. Déclarée «zone sinistrée», la région Souss-Massa-Drâa produisait, lors des saisons normales, près de 80 % des exportations marocaines en fruits et légumes. Cette tendance haussière que connaît le prix des légumes n'est donc que le fruit de la conjugaison des effets négatifs de l'invasion des criquets, de la sécheresse et de cette dernière vague de froid. Il faut dire que la campagne agricole est dans un état périlleux. Les agriculteurs sont aux aguets ; ils épient le ciel et attendent, impatiemment, la pluie. Les prochains jours seront décisifs et donneront une idée sur la récolte de la campagne agricole 2004/2005.