Devenu désormais une obligation, le port de la ceinture soulève l'épineux problème de l'applicabilité de cette nouvelle mesure. Les grands taxis blancs est le cas qui pose le plus des problèmes quant à sa mise en œuvre. Une fois de plus, certaines mesures prises au niveau des autorités publiques ont du mal à s'adapter avec des pratiques illégales devenues, au fil du temps, des plus normales. Le cas de l'obligation du port de la ceinture de sécurité pour l'ensemble du parc national est de celles-là. Cette nouvelle mesure pose un sérieux problème concernant son applicabilité dans la vie quotidienne des Marocains. Le port de la ceinture de sécurité, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du périmètre urbain, est devenu désormais une obligation même pour les véhicules de transport collectif. Le cas des grands taxis blancs est le plus épineux. Avec deux passagers à la place d'avant et quatre en arrière, il serait difficile d'exécuter en bonne et due forme cette récente décision. Le ministère du Transport n'est pas habilité à trancher dans cette affaire parce que les grands taxis relèvent du ministère de l'Intérieur. Ce dernier est censé assurer la mise en exécution des mesures prises au niveau du ministère du Transport et également les dispositions du Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). La décision est prise pour réduire le taux de ces accidents dont une partie résulte du non-respect du port de la ceinture de sécurité. Les chiffres démontrent cette affreuse réalité et constatent que 56,3 % des conducteurs automobiles tués hors agglomérations ne portaient pas de ceinture de sécurité. En agglomérations, le constat devient de plus en plus lourd, puisque 87,7 % des conducteurs automobiles tués ont omis de porter la ceinture de sécurité. Les responsables du ministère du Transport et ceux du Comité national de prévention des accidents de la circulation précisent que l'application de cette mesure pour les grands taxis blancs est une autre paire de manches, et qu'il vaut mieux lancer des réformes dans un contexte difficile que d'attendre l'avènement d'un changement au niveau de la pratique, pour penser à rendre obligatoire le port de la ceinture de sécurité. Outre la catégorie des grands taxis blancs, il existe deux autres cas problématiques dans le transport collectif. Il s'agit des autobus et des autocars, deux moyens de transport pour lesquels l'obligation du port de la ceinture est une affaire difficile à respecter. L'applicabilité de cette mesure se heurte, cette fois-ci, au manque d'un équipement en matière de ceintures de sécurité pour ces deux moyens de transport collectif. Il faut préciser tout de même que cette mesure s'inscrit dans le cadre du plan stratégique intégré d'urgence (PSIU) de sécurité routière lancé, en 2003, par le département du Transport. En plus du port de la ceinture de sécurité, le texte interdit également l'usage du téléphone portable en roulant et prohibe de conduire un véhicule avec des enfants de moins de dix ans dans le siège avant. On a beau dicter des lois et autres mesures, mais les réformes trébuchent souvent au niveau de la mise en exécution. Ces lois finissent par tomber en désuétude si elles ne prennent pas en compte les tenants et les aboutissants de chaque affaire.