Le constructeur européen a présenté hier mardi à Toulouse-Blagnac l'A380, le plus gros avion de l'histoire de l'aviation commerciale. Un appareil devenu un symbole de la suprématie aéronautique de l'Europe. La scène est à peine croyable : plusieurs milliers d'invités et quatre chefs d'Etat et de gouvernement réunis au chevet d'un avion. Tous ont pu admirer ce que l'ensemble de la presse européenne a qualifié comme une "grande réussite pour l'Europe" et un "monument à l'intelligence humaine". Pour célébrer l'évènement, Airbus n'a pas lésiné sur les moyens. Un véritable show à «l'américaine» a été organisé : discours de chefs d'Etat, témoignages de patrons de compagnies aériennes, son et lumière...Et pour cause, cet appareil, qui brise magistralement le monopole du Boeing 747 sur le marché des super-jumbo, représente un véritable pari technologique pour Airbus. Pas moins de 6500 ingénieurs se sont penchés cinq ans durant pour faire aboutir ce projet, en affrontant une multitude de défis technologiques telle que l'utilisation de matériaux composites pour alléger le poids de l'appareil ou encore la réduction de la consommation de carburant. Qualifié de «triomphe de la vieille Europe sur l'arrogance américaine», le A380 symbolise en effet l'avance prise par l'avionneur européen sur son rival historique, l'américain Boeing. Rappelons que l'ancien groupement d'intérêt économique, devenu société industrielle européenne privée à part entière, devance Boeing depuis deux ans pour les livraisons d'appareils neufs. Ce très gros porteur, qui compte deux étages (deux cabines superposées courant sur toute la longueur de l'appareil) casse définitivement le monopole du Boeing 747 sur le marché des super-jumbo. Ce dernier-né pourrait lui donner un avantage durable sur son rival historique, en transportant 555 personnes quand l'avion est divisé en 3 classes, et plus de 800 passagers en configuration charter. Véritable merveille technologique, le A380 est en effet le plus gros avion de ligne jamais construit : 79,8m d'envergure, 73m de long, une dérive culminant à 24m de hauteur, 560 tonnes de masse maximale au décollage et un train d'atterrissage de 22 roues. Il pourra transporter 555 personnes en trois classes (416 pour le Boeing 747-400) sur 15.000 km. La version haute densité, pour de courtes distances sur les lignes intérieures, transportera jusqu'à 850 passagers. La version tout cargo (A380F), attendue à partir de 2008, emportera une charge utile de 150 tonnes, répartie sur trois ponts. Airbus prévoit de procéder aux premiers vols d'essai de cet avion géant au tournant de mars, avril. La mise en service de la version passagers est prévue en 2006 avec la compagnie Singapore Airlines et celle de la version cargo en 2008. Le grand public pourra néanmoins admirer ce paquebot des airs au salon aéronautique du Bourget à Paris, qui se tiendra du 13 au 19 juin prochain. Le A380 est également un pari économique énorme pour Airbus et ses actionnaires, l'Européen EADS (80%) et le britannique BAE Systems (20%): le projet a jusque-là englouti plus de 10 milliards d'euros d'investissement, et le devis pourrait être dépassé de l'ordre de 1,45 milliard d'euros. L'avionneur, qui table sur plus de 150 commandes à la mi-2005, se dit confiant pour l'avenir du programme qui atteindra son point d'équilibre à partir de 250 appareils vendus. Les responsables de l'entreprise comptent sur une commande d'A380 de la part d'une compagnie chinoise avant le printemps. Pour le moment, Airbus a en carnet 139 commandes fermes et 10 intentions d'achat pour son A380 émanant de 14 transporteurs aériens. Le prix catalogue est compris, tenez vous bien, entre 263 et 286 millions de dollars. De la grandeur sur toute la ligne.