Les recommandations de la Banque mondiale pour une croissance inclusive d'ici 2040 Le Maroc a pu enclencher un processus de rattrapage économique vers les pays de l'Europe du Sud. Telle est la principale conclusion du mémorandum intitulé «Le Maroc à l'horizon 2040 : investir dans le capital immatériel pour accélérer l'émergence économique» présenté le 15 mai à Rabat par la Banque mondiale. En l'espace de 15 ans, le pays a ainsi comblé entre 8 et 10% de son écart de revenu par habitant par rapport à l'Espagne et le Portugal. Selon le rapport, cet écart s'est réduit de la même manière par rapport aux autres pays d'Europe du Sud, suggérant que la performance de rattrapage incombe au Maroc et non pas à une mauvaise performance relative du pays comparateur. Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, explique que ce document est l'aboutissement de deux années de recherches et d'analyses menées en collaboration avec les autorités marocaines et des parties prenantes clés dans le pays. La directrice a estimé que ce mémorandum arrive à point nommé, à l'heure où le Maroc entre dans une nouvelle phase de son développement. A cet égard, le rapport dévoile que le Maroc a réalisé des avancées économiques et sociales incontestables durant les quinze dernières années. Ce qui a permis au pays d'avoir une croissance économique relativement élevée, une hausse sensible de la richesse nationale et du niveau de vie moyen de la population. Ledit document met également en exergue les efforts conclus par le Maroc dans l'éradication de l'extrême pauvreté, l'accès universel à l'éducation primaire et l'amélioration de l'accès aux services publics de base. Toutefois, le pays devra encore approfondir et intégrer ses réformes sectorielles et la gouvernance afin de converger son économie avec les pays d'Europe du Sud. L'institution estime que le Maroc est en mesure d'accélérer sa croissance économique et créer des emplois, notamment pour les jeunes. Dans cet élan le pays devra investir plus dans son capital humain. Les experts de la Banque mondiale soulignent également que cela permettra de moderniser l'économie du pays et améliorer les performances de ses institutions publiques. Ils proposent par ailleurs une feuille de route pour définir les réformes susceptibles d'améliorer les indicateurs économiques et sociaux en une génération. Le chômage des jeunes surmontable La banque appelle le Maroc à miser sur la compétitivité et la création de conditions équitables pour les investisseurs. Une approche qui nécessite de revoir le modèle économique afin de permettre au secteur privé de prospérer et de créer plus d'emplois, notamment pour les jeunes et les femmes. Pour parvenir à l'émergence économique, les auteurs du rapport proposent d'investir dans les institutions d'appui au marché en allouant le capital de manière plus concurrentielle. La Banque mondiale recommande au Maroc une refonte du code du travail afin de renforcer la participation économique des jeunes et des femmes. Cette réforme viserait, entre autres, à assouplir la réglementation du travail et améliorer l'efficacité des politiques actives du marché du travail. La banque souligne également que les institutions et les services publics peuvent être améliorés par le renforcement de la gouvernance, la modernisation de l'administration publique et le renforcement du système judiciaire. Par ailleurs, les auteurs du rapport urgent le Maroc d'investir dans le capital humain. Pour y parvenir l'institution appelle à une «thérapie de choc» pour l'éducation nationale en s'attaquant aux contraintes majeures. En effet, les auteurs du rapport pressent les autorités de réaliser un miracle éducatif qui passera entre autres par la modernisation du système éducatif et l'adoption d'une nouvelle gouvernance pour l'école publique. Autre volet du capital humain, le système de santé. L'institution recommande à ce titre d'y investir «pour une meilleure santé économique». Par ailleurs, les experts de la Banque mondiale évoquent la protection et l'éducation de la petite enfance en estimant que tous les enfants marocains doivent bénéficier d'une meilleure protection et d'un meilleur développement lors de la petite enfance. Pour ce faire, il faut, selon eux, investir qualitativement au niveau préscolaire et responsabiliser davantage les parents et notamment les pères. Le dernier volet du rapport se focalise sur le capital social. Cet aspect ne peut être effectif qu'avec la parité entre les sexes, indique le rapport. Ainsi, trois axes majeurs se profilent selon l'institution. D'abord, il s'agira d'accroître les opportunités économiques pour les femmes, ensuite encourager leur liberté d'action et leur autonomie et enfin systématiser la prise en compte du genre dans l'action politique. En plus de ces objectifs, l'institution fait prévaloir la confiance interpersonnelle dans la mesure où celle-ci passe entre autres par la promotion du sens civique et l'exemplarité dans toutes les sphères de décision.