Il est intervenu à l'ouverture de la 14ème édition du SMAP Les objectifs de la nouvelle mandature de Nabil Benabdellah s'avèrent prometteurs. Reconduit à la tête du ministère de l'aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville, le ministre trace une feuille de route ambitieuse pour les cinq années à venir. Ces promesses révolutionneraient le marché et donneraient un nouvel élan à l'immobilier marocain, du fait que la nouvelle vision s'axe sur l'élargissement de la palette d'offres en logement et ce en introduisant une nouvelle gamme de produits. C'est d'ailleurs sur quoi a insisté le ministre lors de sa visite à la 14ème édition du SMAP Immo Paris, qui prend fin ce lundi dans la capitale française. La présence de Nabil Benabdellah à cette manifestation internationale dédiée à l'immobilier marocain vient renforcer la proximité avec les Marocains de France et de la région, une communauté d'acheteurs à la fois demandeuse et exigeante. Pour M. Benabdellah, il serait impossible d'ignorer le désir des MRE d'avoir un pied-à-terre au Maroc qui les attachera davantage au pays. Son département continuerait d'assouvir cette soif en répondant à la demande des Marocains du monde ainsi que la clientèle étrangère désirant acquérir une propriété au Maroc, principale soit-elle ou secondaire. La rencontre organisée en marge de la visite du ministre a été riche en révélations. Tour d'horizon des principales annonces de M. Benabdellah. Un logement inférieur à 140.000 DH dans le pipe Une annonce de taille a été faite par le ministre. Nabil Benabdellah promet d'ici 2021 la mise en chantier d'un nouveau type de logement. Au moment où le seuil minimal d'acquisition a été auparavant fixé à 140.000 dirhams, le ministère de tutelle bradera davantage les prix en mettant en oeuvre un programme dont le prix se situerait à un seuil beaucoup plus inférieur. «Nous nous sommes rendu compte qu'il existe une panoplie d'offres à rendre disponible au niveau national. Cette volonté de diversifier est confortée par le succès des principaux programmes de logement d'ores et déjà mis en oeuvre», explique M. Benabdellah. Certes, le plafond de cette nouvelle offre n'est pas encore défini, mais ce projet ravivera le débat non seulement sur l'accès à la propriété mais également par rapport à sa faisabilité sur le plan technique. Dans l'attente d'une réaction officielle des promoteurs privés, Al Omrane, acteur étatique du secteur, a un mot à dire à ce propos. Pour Badre Kanouni, président du directoire d'Al Omrane, cet objectif semble être réalisable. «Nous ne sommes pas là pour maximiser les bénéfices mais plutôt pour mettre en oeuvre des politiques de l'Etat. Al Omrane travaille en concertation avec le ministère pour de nouveaux produits, en l'occurrence celui que le ministre a révélé ainsi que d'autres offres comprises entre 140.000 et 250.000 dirhams», nous confie M. Kanouni lors d'un bref entretien en marge de cette rencontre. L'offre en logement intermédiaire sera également étoffée en proposant des superficies allant de 85 à 100 mètres carrés à des prix compris entre 500.000 et 800.000 dirhams. Le déficit à réduire de moitié En élargissant l'offre, le ministère réglera une problématique majeure: celle du déficit en logement. Le ministre s'engage dans ce sens à résorber davantage l'écart qui se situait en 2004 autour de 1,2 million d'unités. Grâce aux programmes engagés par l'Etat, le déficit est passé de 949.000 unités en 2012 à 445.000 actuellement. A l'horizon 2021, le déficit devrait être réduit de moitié, soit 200.000 unités à servir. Pour ce faire, le ministère s'est fixé comme objectif de construire sur les 5 prochaines années 800.000 logements, soit une production annuelle de 70.000 logements. «Cela est facile à atteindre puisque nous produisons aujourd'hui environ 62.000 unités par an», souligne Nabil Benabdellah. Une dynamique tirée à la fois par l'effort de l'auto-construction mais également par la réussite des programmes de logements, notamment le logement social. A cet égard, le ministre a confirmé la mise en chantier de plus de 500.000 unités à ce jour et la livraison de 300.000 demeures. Pour pouvoir continuer sur cet élan, le foncier reste un enjeu primordial à relever. Le ministre de tutelle rassure dans ce sens. Une réserve est en cours de reconstitution. Elle se situe à l'extérieur du périmètre urbain. Ce choix s'inscrit dans le cadre d'une vision urbanistique visant à encourager l'investissement et à préserver les villes. Quid du financement ? Le financement figure également parmi les principaux défis du secteur. Bien que l'Etat ait accordé des avantages fiscaux relatifs au logement social, le produit de logement destiné à la classe moyenne ne jouit toujours pas des mêmes conditions. Nabil Benabdellah soulève dans ce sens le blocage existant du fait que le ministère de l'économie et des finances considère les exonérations fiscales liées à la promotion immobilière comme dépense fiscale. En effet, le ministère de l'économie et des finances rembourse plus de 2 milliards de dirhams de TVA par an en matière de logement social. Autre constat fait par le ministre, le manque d'attractivité du logement destiné à la classe moyenne. Ce produit, portant sur 7.200 dirhams le mètre carré TTC, n'arrive toujours pas à séduire les promoteurs immobiliers. «Il n'y a pas eu d'attractivité, du coup il faut être réaliste. Nous retravaillerons avec la Fédération nationale des promoteurs immobiliers et d'autres intervenants du secteur pour trouver un accord, notamment avec le ministère de l'économie et des finances, pour accompagner ce segment avec des exonérations adaptées», apprend-on de Nabil Benabdellah. De même, le ministre évoque une autre alternative, celle de jouer avec les règles de l'urbanisme. «En allant vers beaucoup plus de hauteur ce produit serait plus rentable pour les opérateurs», conclut le ministre.