La Commission Annassir est le nom de l'association créée par les familles des détenus dans le cadre des procès antiterroristes. L'objectif est de libérer leurs proches ou au moins leur assurer de nouveaux procès. Plusieurs familles des islamistes condamnés dans le cadre des procès antiterroristes à la suite des attentats du 16 mai ont décidé de créer une association pour la défense des intérêts de leurs proches. Cette nouvelle structure a été baptisée "La Commission Annassir". "Cette initiative fait suite aux nombreux appels lancés par les détenus depuis leurs cellules", affirme Abderrahim Mohtade, président de la Commission Annassir. En fait, l'association va militer pour que tous les détenus soient libérés ou au pire des cas que leurs procès soient jugés de nouveau dans une ambiance plus sereine. La Commission Annassir classifie les 1270 condamnés dans le cadre des procès antiterroristes en trois catégories. D'une part, les Chouyoukh de la Salafia, comme Mohamed Fizazi, Hassan Kettani, Abdelkrim El Hamdouchi et Zakaria Miloudi. L'association les considère comme des détenus d'opinion et milite donc pour leur libération immédiate. "Ces Chouyoukh n'ont trempé dans aucune affaire terroriste, tout ce qu'on leur reproche, c'est d'avoir des opinions extrémistes sur le statut de la femme par exemple. Mais cela ne fait pas d'eux des terroristes", explique Abderrahim Mohtade. La deuxième catégorie est composée de personnes soupçonnées d'avoir des liens avec des groupes terroristes. "Certains sont aujourd'hui emprisonnés pour la simple raison qu'ils ont tchaté un site Internet extrémiste", souligne Mohtade. "Pour ceux-la, nous demandons la libération et qu'ils soient jugés dans des conditions plus respectueuses de leurs droits". Enfin, la troisième catégorie est celle des personnes qui ont effectivement projeté d'attenter à l'ordre public. "Il ne s'agit que d'une minorité que l'on peut compter sur les doigts d'une main", précise Mohtade. "Pour eux, nous implorons la clémence de la société", souligne le président de la Commission Annassir. "Il faut leur donner l'occasion de se repentir", poursuit-il. Si ces personnes étaient des "projets d'attentats", "je me demande ce que vont devenir leurs enfants", affirme Mohtade. "Notre but est de contribuer à ce que le Maroc en finisse une fois pour toute avec les risques terroristes et les souffrances de toutes les familles". Mohtade, qui est, rappelons-le, un ancien militant au sein de la Chabiba Islamiya, a insisté, tout d'abord, sur le fait que la Commission Annassir condamne fermement les attentats du 16 mai. "Il n'est pas question pour nous de minimiser l'ampleur du danger terroriste". Bien au contraire. "La Commission veut à tout prix que les causes de l'extrémisme disparaissent de notre société". Toutefois, la création de cette association est apparue comme une nécessité pour les familles des condamnés. Essentiellement à cause du manque d'intérêt que portent les ONGs de défense des droits de l'Homme (OMDH et AMDH) ainsi que l'Instance Equité et Réconciliation (IER) pour le sort des condamnés. "La procédure administrative pour la création de notre association sera finalisée cette semaine", précise Mohtade. Et juste après, les membres de la Commission Annassir, qui sont déjà nombreux (plus d'une centaine de familles ont assisté à l'assemblée constitutive) vont procédé à la sensibilisation de l'opinion publique et des décideurs. "Nous contacterons les partis politiques, les associations, la presse et les autorités publiques pour leur expliquer notre démarche et nos objectifs", explique Mohtade. Et d'ajouter : "Nous contacterons également les organisations internationales pour les sensibiliser à notre cause". "J'espère que personne ne nous considèrera comme des ennemis", conclut Mohtade.