Le marché sera bien approvisionné en produits de large consommation pendant le mois sacré de Ramadan. Seulement, les prix de certains produits demeurent incontrôlables. La Commission interministérielle chargée du suivi de la situation prévisionnelle d'approvisionnement du pays durant ce mois sacré a annoncé lors de la semaine dernière que le marché intérieur sera suffisamment approvisionné en produits de large consommation pendant le mois de Ramadan. Ce constat est basé sur l'examen des informations recueillies par le ministère de l'Industrie et du Commerce auprès des industriels, importateurs et administrations concernées sur la situation de l'offre et de la demande au niveau du marché intérieur pour les produits de large consommation pendant le mois sacré. Il s'agit notamment du sucre, du beurre, des produits de l'élevage, des légumineuses, du riz, des épices, des dattes et des tomates. En ce qui concerne le lait, dont la consommation augmente durant ce mois, un communiqué du département précité précise que des mesures ont été déjà prises par le gouvernement pour abaisser les droits de douane sur ce produit afin d'assurer son importation en cas de besoin. D'autant plus que les sociétés et les coopératives laitières ont confirmé de leur part que toutes les dispositions ont été prises pour assurer la disponibilité de ce produit sur le marché local durant le mois de Ramadan et que les stocks disponibles ainsi que la production prévisionnelle de lait durant cette période permettront de couvrir la demande. C'est réconfortant pour la morale du consommateur sauf que sur le terrain, il existe beaucoup d'autres facteurs qui peuvent remettre en cause ces précautions prévisionnelles. Si les instances concernées sont en état de maîtriser la situation en ce qui concerne certains produits, notamment le sucre, le lait et les légumineuses, il n'en est pas de même quant aux dattes et aux tomates, deux matières incontournables chez toutes les catégories de consommateurs. Pendant toute cette semaine, les spéculations vont bon train, car les commerçants aussi disposent d'un calendrier et se préparent aux activités qui marquent spécialement le mois Ramadan. A Derb Omar, comme à Garage Allal, les commerçants de dattes manifestent leur mécontentement. Il s'est avéré que ceux d'entre eux qui disposent de grands moyens se sont arrangés depuis quelques mois pour stocker d'énormes quantités de cette matière, à des prix qui n'ont rien à voir avec ceux d'actualité aujourd'hui. Ces spéculateurs, bien organisés d'ailleurs, vendront au prix qui leur plaira, c'est la loi de tous les marchés des produits périssables. Ce qui n'arrangerait en rien, les commerçants (moyens et petits) qui, eux, ne disposent pas de dépôts. Par conséquent, ils ont le choix entre se retirer ou subir la loi des grands. La même chose pour les tomates. Au marché de gros, rien que durant cette semaine, le prix des tomates a connu des hauts et des bas avec une marge de variation de 1,50 dh par kilo. C'est un prix qui se détermine à l'aube de chaque jour au marché, et qui varie selon la marque, la qualité et la provenance. «Celui qui vous dit qu'on peut fixer le prix de la tomate est soit un menteur, soit un ignorant du marché. Personne ne peut maîtriser ce prix à part la tomate elle-même. Certes, cela devient dur pour les consommateurs quand il y a une hausse, ce qui nécessite l'intervention des autorités compétentes pour sauver le citoyen, mais que feraient les marchands et les producteurs quand le prix avoisine 0,50 dh le kilo ?» explique Mohamed Chérif Khoubaba, producteur de tomates depuis 40 ans. Il est vrai que les délégations du commerce et de l'industrie ont été saisies pour suivre de près la situation d'approvisionnement en produits de large consommation au niveau du marché local pour remédier à tout manque ou perturbation au niveau de l'approvisionnement. Mais que faire côté prix, dont les commerçants sont les maîtres ? Car en fin de compte, il s'agit de produits variés, et donc l'impossibilité d'un contrôle généralisé est établie. Sur ce point, le consommateur est seul responsable devant la loi du marché, devant les dizaines de variétés des dattes et des tomates. S'il peut se rabattre sur le concentré en ce qui concerne la tomate, ce n'est pas la même chose pour les dattes qui sont spécialement plus prisées au mois de Ramadan.