L'ex-ministre d'État à l'Intérieur aura réussi au moins une chose. Celle de toucher l'équivalent de la coquette somme de 5 millions de Dhs pour l'enregistrement d'une émission qui a fini dans la poubelle de l'histoire télévisuelle. Il faudrait qu'Al Jazeera arrête d'insulter l'intelligence des téléspectateurs marocains et se décide à pratiquer la transparence par rapport au casse-tête Basri. Avant tout, cette chaîne est libre d'inviter qui elle veut, quand elle veut. Cela participe de cette liberté éditoriale dont nous sommes les plus ardents défenseurs et pour laquelle nous militons depuis toujours. Mais quand cette liberté se double d'une imposture, cela relève de la bassesse et de la gabegie. Al Jazeera a menti et continue de prendre ses téléspectateurs pour des tarés. Son démenti infirmant une édition de Ziyara Khassa avec Basri est un démenti faux et outrageant. Les choses se sont déroulées exactement comme le décrivait le numéro 785 de ALM Magazine. Le tournage de l'émission a réellement eu lieu à Paris, dans la demeure de Basri. Une fois au montage, les producteurs étaient effectivement atterrés par la prestation de leur invité et par ses propos incohérents. Le verdict fut sans appel : l'émission a été jugée induffisable, puisque incompréhensible. Mais la chaîne qatarie n'allait pas s'arrêter là. Au lieu de Ziyara Khassa, ce sera un Lika Khass pour lequel la chaîne enrôle un de ses journalistes marocains, correspondant à Washington, Mohamed Alami en l'occurrence. Estimant que le produit Basri n'était pas à la portée linguistique de tous ses journalistes arabes, la chaîne arrange donc son coup à la marocaine, espérant ainsi grignoter quelques exclusivités. Mais il lui a fallu, là aussi et tout de suite se rendre à l'évidence. Le journaliste qui a interviewé Basri a beau être marocain, il eu droit à son tour au charabia d'un Basri dépité, malheureux et qui fait de plus en plus, peine à voir et surtout à entendre. Du coup, l'émission a été exactement ce que nous lui avions prédit : un ratage total. Mais la chaîne avait concocté un autre coup. Comme pour se dédouaner, elle rediffuse tout de suite après le délire de Basri resservi dimanche 5 décembre, son émission Ziyara Khassa, consacrée à un tout autre invité marocain. Une réelle surprise à laquelle personne ne s'attendait : Mahjoubi Aherdane. Et c'est là sûrement le coup de grâce qui aura définitivement achevé Driss Basri. Avec classe et courtoisie, le vieux ledear marocain a donné par contre une image sereine de la classe politique marocaine. Avec la fierté des seigneurs, Aherdane a parlé de lui, de son engagement et de son pays. C'est vrai que le vieux Amghar est pétri du charisme des patriotes. C'est vrai aussi que la retenue avec laquelle Aherdane a évoqué le Maroc participe de tout un idéal et de tout un engagement dans l'édification du Maroc moderne. Ces convictions ne sont évidemment pas celle qui anime actuellement Basri. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'il est convaincu qu'il n'a aucune chance de briller sur les chaînes arabes, Basri fera mieux de rentrer dans son pays pour squatter toutes les chaînes qu'il veut. Depuis son départ, les choses ont drôlement changé ici. Mais le sait-il ? À défaut de pouvoir rencontrer un public dans d'autres contrées arabes et occidentales en livrant conformément aux attentes d'Al Jazeera des confidences croustillantes sur ses années de commandement, l'ex-ministre d'État à l'Intérieur aura réussi au moins une chose. Celle de toucher l'équivalent de la coquette somme de 5 millions de Dhs pour l'enregistrement d'une émission qui a fini dans la poubelle de l'histoire télévisuelle. Quant à l'Histoire avec une grand “h“, c'est une autre histoire…