Les ONG et les institutions officielles internationales sont de plus en plus nombreuses à se rendre compte du caractère faux du discours des séparatistes qui ne font que s'enrichir aux dépens d'une population séquestrée dans des conditions inhumaines. La campagne de sensibilisation menée par plusieurs ressortissants marocains sahraouis et des ONG nationales et internationales pour expliquer aux officiels et à l'opinion publique dans plusieurs pays européens la réalité sur ce qui se passe dans les camps de Tindouf a permis d'attirer l'attention sur les violations systématiques des droits de l'Homme commises par la direction du polisario contre les ressortissants sahraouis marocains retenus dans les camps de Tindouf. Dans un entretien accordé au quotidien espagnol La Razon, publié hier, Kaltoum Khayath, ex-membre du polisario et qui a rallié la mère patrie, a dénoncé les pratiques mafieuses des dirigeants de Tindouf. "La direction du polisario utilise la question du Sahara pour obtenir des aides de l'Espagne et de l'Union européenne pour s'enrichir personnellement. Plusieurs organisations humanitaires se sont rendues compte qu'ils sont en train d'alimenter une mafia et que la population et les enfants qui en ont besoin n'en bénéficient pas", a-t-elle expliqué. Khayath, qui fut l'une des personnalités sahraouies qui s'étaient insurgées contre la direction du polisario en 1988 au lendemain de la fameuse rébellion de la population séquestrée dans les camps contre les séparatistes, a même indiqué que les séparatistes détournent toutes les aides humanitaires reçues de l'Espagne à leur profit. "Depuis des années, les chargements d'aide humanitaire disparaissent. La direction (du polisario) vend une partie quand les marchandises arrivent au port d'Oran. Après, tout au long des mille et quelques kilomètres jusqu'aux camps, elles sont vendues au fur et à mesure à des mafias locales. Quand l'aide arrive à Tindouf, une autre partie est transportée en Mauritanie pour y être vendue. Ce qui parvient donc aux réfugiés n'est qu'une très petite partie", a-t-elle précisé. Dans le même cadre, elle a expliqué que l'opinion publique espagnole ne sait pas que les citoyens de ce pays "sont en train d'alimenter quelques seigneurs de la guerre comme en Somalie". Elle a aussi souligné le fait que "ce n'est pas un secret que la centaine des membres du polisario ont des entreprises, d'immenses troupeaux de chameaux, des maisons en Algérie et en Mauritanie". S'agissant des enfants qui passent annuellement leurs vacances en Espagne grâce à des ONG de ce pays, elle a expliqué que ces opérations "ne font que les (les enfants des camps) traumatiser car ils passent de la richesse des maisons espagnoles à la pauvreté des camps" et que la meilleure manière de les aider serait qu'ils "reviennent à leur pays, le Maroc, qui est en train de se moderniser dans une voie démocratique" et qu'ils puissent ainsi "rencontrer leurs familles". Et, si l'entretien de Khayath publié par le journal espagnol permet à l'opinion de ce pays de comprendre ce qui se passe réellement dans les camps de Tindouf, un autre front de sensibilisation sur les abus du polisario a été ouvert en France. A Paris, une rencontre débat sur "la situation humanitaire dans les camps de Tindouf" a été l'occasion pour les participants de lancer un appel par le secrétaire général des Nations Unies et le président de l'Union européenne à intervenir pour "la libération immédiate de tous les prisonniers marocains des camps de Tindouf et à peser de tout leur poids pour mettre fin aux souffrances des populations contraintes à rester en exil". "Une telle intervention est de nature à instaurer une paix durable dans la région et à contribuer à amorcer la construction de l'espace économique auquel aspirent toutes les populations de la région", ont souligné les participants, à l'issue de cette journée organisée dans la ville de Stains (région parisienne), par le comité social de l'association "Synergie Ile-de France" présidée par Lahcen Mahraoui, en partenariat avec des associations sahraouies de France. Les participants, dont des chefs de tribus sahraouies, des membres du Conseil consultatif des Affaires sahariennes, des ex-membres du polisario, des ex-prisonniers, ainsi que des membres des familles dont les parents sont séquestrés à Tindouf, ont souligné, dans leur message, que le monde "ne peut rester indifférent aux mutations, tortures morales et physiques imposées aux prisonniers, qui sont soumis à de lourds travaux alors que, mal nourris et évoluant dans un climat très rude, leur santé est plus que précaire". Cette campagne de sensibilisation est d'ailleurs en train de donner ses fruits puisque le représentant de l'Italie auprès des Nations Unies, a indiqué, jeudi, que l'Union européenne est favorable à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par les parties sur la question du Sahara. Évoquant les aspects humanitaires du conflit du Sahara, il a estimé qu'ils constituent une source d'inquiétude pour l'UE en demandant au front polisario de libérer tous les prisonniers qu'il détient encore conformément au droit humanitaire international.