Qui a dit que les coopératives étaient l'apanage de la seule gent masculine ? Pour répondre à cette question, ALM a opéré une enquête. Il en ressort que, bien au contraire, les coopératives féminines au Maroc sont en plein essor ! Et pour cause, une forte présence de ces dames a été enregistrée dans la sphère socio-économique. Les chiffres confirment d'ailleurs bien cette dynamique. Contacté par ALM, Abdelkarim Azenfar, directeur de l'Office du développement de la coopération (ODCO), nous livre en exclusivité les toutes dernières statistiques en la matière. Selon, «les coopératives féminines au Maroc ont franchi le seuil de 2.280 à fin 2015 comptant ainsi près de 38.000 adhérentes». Les femmes plus présentes en milieu rural Ainsi, si l'on s'en tient à la répartition géographique, les coopératives féminines œuvrent en grande partie dans le milieu rural. Se référant à l'ODCO, deux régions connaissent une forte concentration de cette activité. Il s'agit, en effet, du Souss-Massa et Laâyoune-Sakia El Hamra. «Ces deux régions abritent à elles seules environ 34% de l'ensemble des coopératives féminines du Maroc», apprend-on auprès du directeur de l'ODCO. L'artisanat, secteur préféré de ces dames ! Par secteur, une grande partie des coopératives féminines opère dans l'artisanat. A fin 2015, pas moins de 987 groupements de femmes ont fait de l'artisanat leur crédo. Ce qui représente un pourcentage de 42% sur l'ensemble du tissu coopératif. L'agriculture, quant à elle, arrive à la seconde place du podium. Selon l'ODCO, elles seraient 763 coopératives féminines à y contribuer, s'adjugeant de fait une part du 34% de l'ensemble des coopératives. Sur ce total, la transformation de l'argan s'assure la part de lion auprès du genre féminin. Le Maroc compte, en effet, près de 274 coopératives d'argan (soit 12% de l'ensemble de ces groupements). De nouvelles niches... En dehors des secteurs classiques précités, les professionnels remarquent aujourd'hui l'émergence de nouveaux créneaux et de nouvelles niches. Le directeur de l'ODCO cite, à titre d'exemple, les plantes aromatiques et médicinales qui comptent à ce jour environ 35 coopératives. Autre secteur et non des moindres, qui commence à avoir le vent en poupe, celui de l'alphabétisation, avec sept coopératives. Les femmes adhérantes à ce type de groupements, commencent à s'intéresser également à des domaines aussi variés que l'art, la culture, la pêche, l'imprimerie, la papeterie, mais également, et de plus en plus, aux travaux domestiques. La coopérative, une force féminine ? «Le regroupement des femmes en coopérative se veut une force décisionnelle au sein d'une configuration sociale et économique patriarcale», nous assure-t-on en chœur auprès de plusieurs coopératives féminines. Il faut dire que ce genre d'action a permis aux femmes de tenir une position «pivot» dans la vie communale. «Nous sommes devenues de plus en plus indépendantes que cela soit sur le plan financier ou familial», poursuivent les gérantes des coopératives interrogées. Cependant, et comme dans toute autre entreprise, certaines contraintes liées à la compétitivité et à la rentabilité persistent comme le déplorent la plupart des gérantes questionnées. Citons en bref : le faible niveau d'instruction, le taux d'analphabétisme élevé et le manque de ressources financières. (Voir entretien).