Entretien avec Tawfiq Hazeb, alias Don Bigg, Chanteur Le rappeur Tawfiq Hazeb, alias Don Bigg, vient d'obtenir une subvention de 640.000 DH allouée par le ministère de la culture, pour réaliser deux projets musicaux. Il révèle à ALM les thèmes de ses projets ainsi que ses sources d'inspiration. ALM : Vous venez de recevoir une subvention d'un montant de 640.000 DH du ministère de la culture pour réaliser votre projet musical, que représente pour vous cette initiative ? Don Bigg : Tout d'abord, il est important de souligner l'importance de l'initiative de monsieur le ministre Amine Sbihi. C'est la suite logique de la politique pour laquelle a opté le ministère de la culture, à savoir œuvrer pour la professionnalisation du milieu artistique en général et de l'industrie de la musique en particulier. Parmi les actions mises en place, un appel à projet ouvert à tous les artistes marocains de tous bords et sans aucune distinction ni favoritisme. Il était donc tout à fait logique, en ma qualité d'artiste et de promoteur de la musique, de déposer des projets. Ce fut le cas en 2014, avec 6 albums de jeunes artistes que j'accompagne. Jihane Bougrine, avec laquelle j'ai produit un album haut en couleur, en est la dernière. J'ai aussi proposé la réalisation et la production d'un vidéoclip «Bigg». En 2015 j'ai volontairement évité de déposer des projets pour laisser la place à d'autres talents et producteurs. Puis, en 2016 j'ai déposé 4 projets, dont 2 sont axés sur la lutte contre le réseau informel, à travers la mise sur le marché marocain d'albums aux standards internationaux, avec un prix à la portée des Marocains ne dépassant pas les 10 DH. Une première au Maroc, et j'insiste pour souligner, grâce à l'initiative du ministère de la culture. Je rappelle que la somme de 640.000 dirhams qui m'a été allouée provient d'une subvention accordée à plusieurs artistes d'une valeur globale de 15.000.000 dirhams. Notons bien que la somme nécessaire pour la mise en action effectives de ces 4 projets est de 2.000.000 dirhams. En effet, il faut encore trouver des sponsors pour les mener à terme. Parlez–nous justement de ces projets… Un premier projet, citoyen et artistique au même temps, qui traite du fléau de la drogue et de ses effets néfastes sur les jeunes dans un style ironique, à travers la réalisation et la production d'un vidéoclip. Il est soutenu financièrement à hauteur de 40%. Le second, inspiré par des réalisations de grands artistes mondiaux, tels que Sting et Lionel Richie, propose une collaboration entre moi et un orchestre symphonique pour revisiter mon album Talet. Une manière de rapprocher les jeunes de la musique classique et les amateurs de cette dernière de la mienne. Et enfin les deux projets de distribution de CD à prix moindres. Quels sont les thèmes évoqués par ces projets ? Les thèmes évoqués par les albums sont multiples. Ils passent en revue tous les faits divers que vit la société marocaine ainsi que les fléaux qui la gangrènent. Le tout accompagné de messages d'espoir pour la jeunesse marocaine qui se cherche et qui cherche surtout à réussir dans la vie. Envisagez-vous de futures collaborations avec d'autres artistes ? Toutes les collaborations qui ont été mises en place par le passé n'étaient pas programmées à l'avance. C'est la musique qui m'a toujours dicté où, avec et vers qui je vais. Ce sera le cas encore une fois. Ceci dit, je reste ouvert à toutes les perspectives. Collaborer avec des professionnels comme avec de jeunes artistes de tous genres musicaux. Qu'est-ce qui vous inspire le plus, musicalement ? Ces temps-ci, j'écoute surtout de la musique classique et je regarde des opéras. Je trouve un certain apaisement en écoutant des symphonies classiques et des «Waltz» récents. Quelle lecture faites-vous du monde du rap au Maroc ? Le rap a permis à la musique marocaine d'exploiter de nouveaux horizons et aux jeunes de faire de leur passion un métier. Malheureusement, il vit actuellement une certaine stagnation pour la simple raison que l'industrie de la musique peine toujours à émerger. L'initiative du ministère de la culture va donner un nouveau souffle au rap, mais elle devra être accompagnée par d'autres organismes, plus particulièrement ceux du privé. DBF a déjà mis en exécution ce modèle en produisant un album avec la participation des secteurs public et privé et cela n'est que le début. Il va falloir plusieurs autres exemples similaires pour créer un réel modèle économique propice à la création de richesses et d'emplois stables pour des jeunes qui ne voient que la musique comme voie de réussite.